Le futur est de retour
Signé Lob et Rochette au départ, puis Benjamin Legrand quand il fallut assurer la relève après le décès du premier scénariste, Le Transperceneige est une saga culte des années 1980. Huis-clos étouffant dans un paysage glacé, cette histoire de train qui jamais ne s’arrête, a connu une seconde vie il y a deux ans grâce au cinéma et à l’adaptation spectaculaire qu’en fit le réalisateur sud-coréen Bong Joon-ho.
Rochette, aujourd’hui installé à Berlin, se consacre de plus en plus à la peinture. Ça se voit. Le geste est puissant, expressionniste pour camper les personnages souffrants cachés dans l’ombre, presque abstrait pour suggérer les décors minimalistes et faire émerger les paysages. Avec un goût prononcé pour la haute montagne que cet alpiniste accompli arpente encore à l’approche de la soixantaine. La rage du trait illustre la radicalité du propos dans cette mise en scène d’une micro-société désespérée.
Alors que la série-mère du Transperceneige avait pour colonne vertébrale la lutte des classes, cette nouvelle histoire nous ramène aux folies eugénistes du nazisme. Faudrait-il que les autres meurent afin de garantir la survie des uns ? Rabelais écrivait : Science sans conscience n’est que ruine de l’âme. C’est aussi la leçon que tire le scénariste Olivier Bocquet, embarqué dans l’écriture de ce nouveau chapitre au titre fort pessimiste : Terminus .
Le Transperceneige apparait évidemment en bonne place dans L’anthologie de la bande dessinée de science-fiction de Vincent Bernière aux éditions Huginn et Muninn. Récits d’anticipation, space opera, extra-terrestres, réalisme légèrement décalé ou baroque halluciné, dans le genre, il ne manque pas grand-chose. Tout démarre en Amérique en 1929 avec Les Aventures de Buck Rogers . Ensuite, et bien, ensuite, on a envie de tout relire. Même si, paradoxalement, certains récits paraissent aujourd’hui datés.
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