La mort en vrai et en face
Une année dans les rues de Baltimore
Au départ, c’est une enquête. Le journaliste américain David Simon a passé un an à suivre les inspecteurs de la brigade des homicides de Baltimore. Nous sommes en 1988. Un quart de la population de la ville, essentiellement la communauté noire, vit sous le seuil de pauvreté. Le trafic de drogues, la précarité, le désœuvrement font monter les statistiques de la violence. Pas un jour ou presque sans meurtres. Homicide , le livre, marque les esprits.
De la BD du réel au "true comics"
A sa lecture, le dessinateur Philippe Squarzoni voit le moyen de se renouveler sans renoncer à son obsession du réel. Lui qui depuis vingt ans creuse la veine de la BD de reportage en collant à ses sujets revendique cette fois de donner des visages à des personnes qu’il n’a pas connues, de raconter cette enquête qu’il n’a pas faite. Homicide devient un vrai comics à l’américaine. Sec, clinique. Les regards des flics y pèsent plus lourds que leurs rapports de centaines de pages. Chaque inspecteur, chaque mort compte.
Squarzoni va suivre ses 19 inspecteurs moustachus pendant 5 albums. Le souci d’exactitude n’empêche pas une mise en scène au cordeau dans les rues, au commissariat, sur les lieux des crimes.
Homicide aux éditions Delcourt.
Décor abstrait, douleur réelle
Démarche inverse, mais tout aussi efficace. Dans Freedom Hospital, le dessinateur Hamid Soulaiman, 30 ans, né à Damas, raconte la guerre qui ravage aujourd’hui la Syrie. En inventant une poignée de personnages : un kurde, un alaouite, un islamiste radical, une journaliste franco-syrienne, un commandant de l’Armée Libre Syrienne qui se croisent et cohabitent dans un hôpital de fortune. Sans manichéisme. Dans un noir et blanc saturé qui transforme tout : les bombes qui explosent, les foules qui manifestent, la peur let la résistance, en un décor abstrait qui dit la confusion d’une guerre qui nous reste incompréhensible.
Freedom Hospital , une coédition çà et là / arte éditions.
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