La BD enquête
Sur les traces du SAC
Longtemps, Etienne Davodeau, l’un des premiers en France à s’être engouffré dans la bande dessinée du réel, a répété qu’il n’était évidemment pas journaliste. En cosignant avec notre confrère de France Inter Benoît Collombat Cher pays de notre enfance, enquête sur les années de plomb de la Ve République , le dessinateur des Mauges va devoir assumer.
Pendant des mois, le tandem a arpenté l’hexagone, retrouvant les acteurs et les témoins des affaires qui, des années 1960 aux années 1980, ont vu se côtoyer, dans l’ombre, personnages politiques, hommes de main, truands et barbouzes. Avec pour dénominateur commun, le SAC, le service d’action civique, force de frappe du gaullisme triomphant. Et pour point d’orgue : la mort de Robert Boulin, ministre du travail de Giscard, retrouvé gisant dans un étang en octobre 1979.
Benoît Collombat a beaucoup travaillé sur ces années et ces affaires-là. Le dessin d’Etienne Davodeau permet évidemment de recréer les scènes, de faire revivre les événements, de rajeunir les témoins. Mais il a d’autres vertus : il montre l'enquête sur l'enquête, l'embarras de ceux qui hésitent à parler, les silences. Et jusqu'au sourire de Charles Pasqua qui en dit infiniment plus que bien des mots.
Tout, dans la reconstruction de ce vaste puzzle de l’histoire de France, est sourcé, documenté.
Cher pays de notre enfance , Davodeau-Collombat, aux éditions Futuropolis.
Scènes de crime
Raynal Pellicer est documentariste. Il signe avec le dessinateur Titwane Brigade criminelle, immersion au cœur du 36, quai des orfèvres . Un lieu et des hommes que l’on ne peut pas filmer, qu’on ne peut pas montrer en photos. Mais dont la rigueur, la patience, le savoir-faire dans une enquête se dévoilent ici mieux que dans n’importe quel programme de téléréalité. Pellicer se glisse seul dans les pas de ces hôtes. Il les regarde travailler, il prend note. Le dessin vient ensuite.
Le texte est serré, au plus près des faits. Quant au dessin, certaines pages sont construites comme des planches d’entomologie. Les scènes de crime ont la fidélité des relevés des indices matériels. Malgré son absence sur le terrain et au 36, Titwane parvient à donner une vérité sincère aux regards et une réelle familiarité aux visages.
Brigade criminelle, immersion au cœur du 36, quai des orfèvres , Raynal Pellicer et Titwane, à la Martinière.
Davodeau, Collombat, Pellicer et Titwane signent aussi dans la Revue dessinée, la revue de BD reportages qui s’apprête à publier, en décembre, son dixième numéro.
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