Les amateurs de grande randonnée le savent bien : la marche active les neurones. Avec plus de 800 km dans les chaussures en un peu plus d’un mois, au printemps 2019, Étienne Davodeau n’a pas manqué de réfléchir aux questions qu’il se pose sur le projet d’enfouissement, à Bure, des déchets nucléaires français et sur le temps incroyablement long de leur mortelle durée de vie.100 000 ans devant nous, 20 000 ans avant nous Entre Pech Merle, son point de départ, dans le Lot, et son point d’arrivée, à Bure, dans la Meuse, Davodeau tient ce qu’il nomme 'son journal d’un vertige'. Il convoque tout au long du chemin les interlocuteurs en mesure de lui apporter quelques réponses."Ce sont les descendants de nos descendants qui auront un jour à s’en occuper. Le français n’a que quelques centaines d’années. Il est improbable qu’il survive quelques centaines d’années encore. Comment leur parler ? Dans quelle langue, dans 100 000 ans ? Sur quel support ? A quel endroit ?"Etienne Davodeauà franceinfoLes paysages au bout du crayon A côté de ses invités d’un jour, physicien, biologiste, linguiste, qu’il embarque par la magie du récit, celles et ceux que croise réellement Davodeau, au début de son voyage, n’ont jamais entendu parler du projet nucléaire qui le tarabuste. Plus il s’approche de son but, plus la population se sent concernée.Figeac, Conques, le Plomb du Cantal, le Mont-Beuvray, Avallon, Colombey-les-Deux-Églises, les lieux traversés dans cette diagonale sud-ouest / nord-est résonnent comme des étapes de l’histoire de France. Ce sont aussi des territoires – champs, volcans, rivières et forêts – avec lesquels l’auteur communie par le dessin. "De mon point de vue de sapiens dessinateur, le dessin est le propre de l’homme. Je pars de la grotte de Pech Merle parce que là-bas, il y a 22 000 ans, quelqu’un a dessiné un petit mammouth d’une modernité incroyable."Etienne Davodeauà franceinfoDavodeau n’a jamais aussi délicatement dessiné les paysages. S’il se met en scène, pratiquement à toutes les cases, et s’il le faut, nu sous la voûte étoilée, c’est bien qu’il se sent intimement lié à l’univers, à notre terre, à la nature. Et qu’il s’en sent responsable.Le Droit du Sol, journal d’un vertige, Étienne Davodeau, aux éditions Futuropolis.