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Eté 2016, l'héritage du Journal Tintin : "Chlorophylle"

Avec "Chlorophylle", BD animalière d'un misanthrope, Raymond Macherot, en 1954, proposait aux lecteurs du journal Tintin un refuge au cœur de la nature ardennaise.
Article rédigé par Jean-Christophe Ogier
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 10 min
  (© Raymond Macherot, Le Lombard / René Hausman, Le Lombard)

Les Ardennes belges pour décor

Chlorophylle, c’est d’abord une atmosphère qui sent la rosée et l’herbe foulée, un parfum de nature bien verte. Notre héros appartient à la famille des lérots, ce petit rongeur à l’œil cerné de noir. Cela lui donne une allure très élégante, surtout quand il porte la redingote et le haut-de-forme. Chlorophylle a des amis : Minimum le souriceau, Bitume le corbeau, Torpille la loutre, Serpollet le lapin. Au fil des aventures et selon les années, en fonction des scénaristes et des dessinateurs, les habitants du Petit Bosquet où tout le monde se connaît quitteront à l’occasion leur territoire campagnard typique des Ardennes belges pour se retrouver en ville. Mais que l’on soit ici ou là, Chlorophylle doit faire face à Anthracite, le roi des rats noirs.

L'univers de Spirou chez Tintin

Chlorophylle est né en 1954, sous la patte du Belge Raymond Macherot. Lequel signait dans le journal Tintin mais se rapprochait plus, avec son trait rond et ses personnages animaliers, de l’univers d’un Peyo et des Schtroumpfs qui paraissaient dans le magazine Spirou. Au premier abord, Chlorophylle respire l’innocence de l’enfance. Mais ne nous y trompons pas. Pour le scénariste Jean-Luc Cornette, Macherot, misanthrope, brossait dans Chlorophylle le portrait d'une humanité qu'il n'aimait pas, toujours pêtre à faire la guerre et à trahir. Le dessinateur disparu en 2008 se réfugiait dans la nature et l'amitié.

Le nouveau Chlorophylle , à l'opposé du style Macherot

L’amitié de Chlorophylle et Minimum. Celle aussi de Raymond Macherot avec René Hausman, son voisin de la région de Verviers, au sud-est de la Belgique. L’ainé et le cadet partageaient la passion de la nature, mais la dessinaient de façon radicalement différente, voire opposée. On peut s’en rendre compte dans Chlorophylle et le monstre  des trois sources , scénarisé par Jean-Luc Cornette et mis en scène par René Hausman, à l’aquarelle, de manière à la fois douce et inquiétante, épineuse, acérée, presque fantastique. Sorti cette année, cet album de bande dessinée sera le dernier de René Hausman, mort en avril, alors qu’il fêtait, la barbe fleurie et le sourire bonhomme, ses 80 printemps.

Chlorophylle et le monstre  des trois sources est paru aux éditions du Lombard qui proposeront également fin août La Grande aventure du journal Tintin , 777 pages pour se replonger dans l’histoire du magazine des jeunes de 7 à 77 ans.

  (© Hergé, Moulinsart + Le Lombard 2016)
 

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