Blutch et le cinéma...
Il dit avoir presqu’été pris de court par cette urgence d’en finir avec le cinéma. On a du mal à le croire. « Pour en finir avec le cinéma », la bande dessinée de Blutch témoigne au contraire d’une fréquentation toujours importante des salles obscures, d’un amour intact pour le 7ème art, et d’une réflexion longuement mûrie pour comprendre cette passion.
_ Blutch nous dit: "le temps du cinéma est d’abord celui de l’enfance. Ce qui se passe alors sur l’écran nous semble magique et tient lieu de modèle". Le petit Blutch voulait être Burt Lancaster. Ayant grandi, l’artiste n’a pas renoncé à vénérer les acteurs : aujourd’hui, c’est Michel Piccoli. Il y eut aussi Guitry, Paul Newman, William Holden, Orson Welles. Beaucoup de femmes aussi : Deneuve et Marilyn, Claudia Cardinale et Anita Ekberg, celle de la dolce vita de Felinni, et la jane de Tarzan, et… Bon, confronté à tous ces monstres que l’on dit sacrés, Blutch s’est représenté sous les traits d’un double de papier grotesque. Son personnage est violent, méchant, âpre, égocentrique. Blutch ne cherche pas à être aimable, et surtout pas avec lui-même.
_ Si de nombreux amateurs savent par cœur les dialogues des films du répertoire, Blutch, lui, en connait les images. De son crayon virtuose et rigoureux, Il en restitue la puissance, la force symbolique, le désir qu’elles suscitent. « Pour en finir avec le cinéma » aux éditions Dargaud est un essai graphique, drôle, grinçant, intelligent, qui finalement parle autant de ce qui fait la spécificité du cinéma que de celle de… la bande dessinée.
La bande dessinée a perdu cette semaine deux illustres représentants.
Gilles Chaillet s’est éteint à l’âge de 65 ans. Passionné de reconstitution historique, il a notamment signé la série Vasco. Et restera le dessinateur qui, dans un livre magistral, a mis en scène « la Rome des Césars ».
Jean-Paul Mougin avait 70 ans. On lui doit d’avoir fait connaître au public français Hugo Pratt et Corto Maltese dont il a, le premier, publié les histoires quand il dirigeait Pif Gadget. Jean-Paul Mougin fut ensuite le créateur et rédacteur en chef de la revue « A suivre » qui inventa le roman en bande dessinée avec des auteurs comme Tardi et Forest, Schuiten et Peeters, Loustal, Boucq, Ted Benoît, entre autres.
_ Un rappel : au moment où la planète entière se retourne sur les attentats qui il y a dix ans frappaient les Etats-Unis au cœur… Radio France et Casterman publient « 12 septembre l’Amérique d’après ». Par delà l’océan, des artistes, des journalistes, des personnalités de premier plan dialoguent, parmi lesquels les auteurs de bande dessinée Miles Hyman, Art Spiegelman, Lorenzo Mattotti, Joe Sacco, Munoz et Sampayo, et les dessinateurs Jul et Plantu. Sous une couverture d’ Enki Bilal.
_ A ne pas manquer sur France Culture / Mardi 20 septembre, de 23h à minuit
L'Atelier de la création: Avis d’orage – 29 voix dans la nuit
un essai radiophonique de Christian Rosset, réalisation Nathalie Battus, mixage Alain Joubert
_ (un parcours à la frontière, en territoire de bande dessinée)
avec (par ordre d’apparition) : Le Professeur A, Jean-Yves Duhoo, Benoît Jacques, Florence Cestac, Morvandiau, José Muñoz, Edmond Baudoin, Nine Antico, Joanna Hellgren, David B., Jean-Christophe Menu, Mathieu Sapin, Nylso, Pacal Rabaté, Martin Veyron, Killoffer, Marc-Antoine Mathieu, Ruppert et Mulot, Anne Baraou et Fanny Dalle Rive, Riad Sattouf, Le Tampographe Sardon, Fred, Mandryka, Emmanuel Guibert, Jochen Gerner, Dominique Goblet.
Christian Rosset signe également Avis d'orage dans la nuit, sous-titré Fiction, à L'Association.
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