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BD bande dessinée. Un Turc fantastique

Le dessinateur turc Ersin Karabulut choisit l'heure du conte et le cocon familial pour peindre une société oppressée.

Radio France
Publié Mis à jour
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La Turquie d'aujourd'hui, le Japon d'hier (ERSIN KARABULUT, FLUIDE GLACIAL / SEIHO TAKIZAWA, DELCOURT-TONKAM)

Règlement de contes

Il s’appelle Ersin Karabulut, il est turc, il a 37 ans, il fait de la bande dessinée depuis plus de 20 ans. Et se dit très honoré d’être publié en France. Ersin Karabulut est aujourd’hui le chef de file de la BD turque. C’est comme cela que son éditeur Fluide Glacial le présente alors que paraît sous le titre Contes ordinaires d’une société résignée un album de petites histoires fantastiques qui parlent de l’horrible confort de nos lâchetés quotidiennes.

Tout cela est bien sombre. D’ailleurs, au fil des pages, force est de constater que le gris l’emporte sur la couleur. Ersin Karabulut tient à nous détromper.

Ça n’a pas l’air lumineux, mais c’est une façon de montrer comment les choses pourraient aller mieux et de souligner à quel point ce que nous vivons en ce moment est étrange.

Ersin Karabulut

La famille, une micro-société

On ne peut évidemment pas s’empêcher de faire une lecture politique de ces contes noirs et déprimants. D’y entendre l’écho des nouvelles qui nous parviennent de la Turquie contemporaine, où la remise en cause de la pensée dominante et du pouvoir en place a vite fait de vous envoyer en prison.

Mais il serait trop facile d’oublier que dans ces récits de familles où les parents dévorent leurs enfants, où l’amour n’est qu’égoïsme, où le renoncement à la liberté et à la solidarité tient lieu de mode d’emploi du conformisme social, Ersin Karabulut tend au lecteur un miroir qui reflète ce qui se passe aussi de ce côté-ci du Bosphore. Nous sommes tous concernés.

La revue qu’Ersin Karabulut dirige à Istanbul a pour nom Uykusuz, ce qui signifie Insomniaque. On a un peu de mal à s’endormir, en effet, après avoir refermé ces Contes ordinaires d’une société résignée (Fluide Glacial)

INFO MANGA (FRANCEINFO)

Tous les 15 jours, Jean-Christophe Ogier accueille ici la chronique "Info manga" de Lætitia de Germon de la rédaction de franceinfo.fr. Pour vous guider parmi les nombreuses parutions, Lætitia vous livre sa sélection et ses coups de cœur.

Sous le ciel de Tokyo, de Seiho Takizawa, chez Delcout/Tonkam

SOUS LE CIEL DE TOKYO (© SEIHO TAKIZAWA / FUTABASHA PUBLISHERS LTD. / DELCOURT-TONKAM)

Seiho Takizawa est un mangaka spécialisé dans les récits de bataille aérienne pendant la Seconde Guerre mondiale. Son dernier ouvrage, Sous le ciel de Tokyo publié chez Delcourt/Tonkam, est comme ses précédents titres très précis et instructif en ce qui concerne l'aéronautique de l'époque.

Eté 1943 : trois ans après Pearl Harbor, le Japon se trouve désormais en position de faiblesse sur tous les fronts. Au-delà de la stratégie mise en place par le Japon pour contrer les Américains, Seiho Takizawa donne de nombreux détails techniques sur les avions, fait des gros plans sur les moteurs et dessine de très belles scènes aériennes. Il s'intéresse également au côté humain à travers l'histoire d'un pilote d'essai et de sa femme. L'auteur nous fait traverser la guerre en sillonnant le ciel de l’archipel avec un pilote d’essai de l’armée impériale. Délicats transports amoureux, moments de tendresse quotidiens, camaraderie de combat, passion aéronautique, drames et deuils...

"J'ai voulu changer un peu de registre avec la réalité de la vie quotidienne des gens pendant la guerre, et surtout, ce qui se cache derrière ces braves hommes qui ont fait la guerre", explique-t-il.

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