Quand les héros font un pas de côté...
Contrairement aux nouveaux auteurs d’Astérix ou de Gaston Lagaffe, qui font tout pour rester les plus fidèles possible au dessin des créateurs, il en est qui choisissent de trahir, en apparence, les personnages mythiques du 9e art pour mieux les respecter.
Corto Maltese au XXIe siècle
C’est le cas du scénariste Martin Quenehen et du dessinateur Bastien Vivès qui ont repris à leur compte le personnage de Corto Maltese. Il y a deux ans, ils créaient la surprise avec Océan noir. Né sous le pinceau d'Hugo Pratt, Corto y avait troqué sa célèbre casquette de marin pour une casquette de base-ball. L’action se situait au moment de la chute des tours du World Trade Center, en 2001. On retrouvait pourtant le gentilhomme de fortune tel qu’en lui-même, ballotté par les événements, témoin autant qu’acteur de ses aventures.
C’est ainsi qu'on le recroise dans La Reine de Babylone. L’histoire commence à l’automne 2002, à Venise. Mais va vite se poursuivre sur la côte croate, où les plaies de la guerre en Yougoslavie ne sont pas refermées. Ulysse moderne, Corto va tomber de Charybde en Scylla. Il passera par la Turquie pour atterrir en Irak.
Corto Maltese, La Reine de Babylone, aux éditions Casterman.
Lucky Luke malmené par les enfants
Maître d’une bande dessinée volontiers intellectuelle, Blutch aime aussi se souvenir de ses lectures d’enfance. Cette fois, gardant son propre dessin, nerveux et bondissant, il s’attaque au cow-boy solitaire qui, avec Jolly Jumper, a bien du mal à mettre au pas une famille de hors-la-loi. Le père, la mère, le fils aîné, et surtout un duo de gamins pas piqué des hannetons : une petite fille crâneuse et à la gâchette facile, capable d’envoyer "l’homme qui tire plus vite que son ombre" derrière les barreaux, et son frère, au comportement, disons, légèrement décalé. C’est hilarant.
Lucky Luke, Les Indomptés, de Blutch, aux éditions Lucky Comics.
Blake et Mortimer relookés
Depuis longtemps sollicité pour reprendre le flambeau des héros so british, Floc’h avait toujours refusé, ne voulant pas être un pâle suiveur. Il a donc fait autrement. Les amateurs du grand EP Jacobs ne retrouveront pas le plaisir d’une aventure complexe et finement mise en scène, et les fans de Floc’h eux-mêmes pourraient rester sur leur faim, tant le dessinateur a épuré ses images, réduit les décors au minimum et durci son trait.
Cela s’appelle L’Art de la guerre, une aventure de Blake et Mortimer à New York, par Floc’h, sur un scénario de Fromental et Boquet. Aux éditions Blake et Mortimer.
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