BD, bande dessinée. La révolution Dorison
Xavier Dorison et Félix Delep choisissent la fable animalière pour prôner la non-violence et la désobéissance civile ; Cyril Pedrosa et Roxane Moreil nous emportent dans un Moyen Âge rêvé pour remettre en cause nos modèles de société ; Hubert et Zanzim jouent du conte fantastique pour interroger le genre.
Gandhi et Mandela font plus que force ni que rage. C’est en quelque sorte le mantra de Xavier Dorison. Le scénariste s’est lancé dans une démonstration en faveur de la non-violence et de la désobéissance civile, seule méthode qui pourrait faire triompher la liberté face aux despotismes de tous poils.
La ligne Dorison
Son Château des Animaux fait écho à La Ferme des Animaux de George Orwell. Orwell dénonçait le stalinisme totalitaire. Dorison, avec son bestiaire communautaire, affirme que la résistance pacifique peut changer le monde.
J’ai toujours cru qu’on règlerait plus de problèmes en essayant de parler, de discuter et en faisant preuve d’un minimum de non-violence que par l’affrontement. Ça se confirme dans plusieurs révolutions en Europe ou au Maghreb. Mais là où je ne dévoile pas la fin, c’est que pour arriver à un résultat globalement heureux, les sacrifices sont énormes.
Xavier Dorison, scénariste
On aimerait y croire. Ne serait-ce que par sympathie pour Miss B., la jolie chatte à la fourrure soyeuse d’un blanc immaculé, aux grands yeux emplis d’amour pour sa progéniture et de compassion pour ses compagnons d’infortune. Car Le Château des Animaux est d’abord une formidable galerie de portraits anthropomorphes, du taureau président Silvio, qui fait régner la terreur, au lapin César, le chéri de ces dames, sans oublier les chiens, le coq, les oies, les chèvres, tous et toutes mis en scène avec une telle humanité dans les regards et les postures que Xavier Dorison qualifie son jeune partenaire, Félix Delep, de Mozart du dessin.
Le Château des animaux, deux tomes parus sur quatre, aux éditions Casterman.
L'Âge d'Or de Pedrosa et Moreil
Autre fable politique, celle de Cyril Pedrosa et Roxane Moreil trouve sa conclusion avec le second tome de L’Âge d’or. Ici, le propos est féministe autant qu’utopique. Et la morale tient en une phrase : pour vivre en harmonie, il faut renoncer au pouvoir solitaire. Graphiquement, Pedrosa signe son livre le plus ambitieux, empruntant aux enluminures des livres d’heures du Moyen Âge et à la peinture de Brueghel.
L’Âge d’or, sous le label Aire Libre des éditions Dupuis.
Peau d'Homme, grand prix de la critique ACBD
C’est encore une fable qui se voit décerner cette année le Grand Prix de la critique ACBD. L’association des journalistes spécialisés récompense Peau d’homme d’Hubert et Zanzim. "Un conte malin et moderne, qui se joue des clichés et résonne habilement avec notre siècle".
Peau d’Homme, aux éditions Glénat, Grand prix de la critique bande dessinée.
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