BD, bande dessinée. La plume de Mattotti

C’est une fable, une déambulation, un moment de recueillement

C’est surtout une bande dessinée sur laquelle il faut avoir le temps de s’attarder comme l’a fait son auteur. Lorenzo Mattotti a mis plus de 10 ans pour développer avec son ami et coscénariste Jerry Kramsky un monde onirique fait de paysages mouvants et de personnages attachants. Une bande dessinée où le trait conduit le récit. Une fois que Mattotti en a épuisé la force d’évocation, une image en amène une autre, riche de dizaines, voire de centaines de coups de plume. Maintes fois répété, le geste du dessinateur vous hypnotise.

J'utilise la plume depuis 40 ans. Maintenant, j'ai l'impression de la connaître.

Lorenzo Mattotti

Voilà donc près de 400 pages - tout de même - de lignes sensibles, légères et fouillées, d’oscillations incessantes, de métamorphoses tranquilles. Dans cet étrange décor flottant vivent d’improbables créatures, douces, très douces. Un univers noir et blanc moins naïf qu’il n’y parait, pour dire les bienfaits de la contemplation et de la nature, toucher la douleur de l’exil et de l’errance, accompagner l’individu contre le groupe social, dénoncer les faux prophètes, affirmer l’importance de la famille, saluer l’aventure de la vie. Et revendiquer le rêve comme une autre réalité.

Quand on rêve, on vit. Quand je me réveille, j'ai vécu des expériences qui me transforment.

Lorenzo Mattotti

Les gentils Moumines et l’enfer de Dante réunis dans un même conte nourri de figures mythologiques, le travail singulier de Lorenzo Mattotti, toujours renouvelé, de la couleur au noir et blanc, des pastels au pinceau et à la plume, est exposé à Paris jusqu’à la mi-mai à la galerie Martel.

Guirlanda, de Mattotti et Kramsky, est publié aux éditions Casterman.