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BD, bande dessinée. Chefs-d'oeuvre en intégrales

Voici trois regards engagés sur l'Histoire. Celle de la commune de Paris, avec Jacques Tardi et Jean Vautrin, celle de l'Argentine des colonels avec Alberto Breccia et Juan Sasturain, celle enfin de l'Espagne du XXe siècle avec Antonio Altarriba et Kim.

Article rédigé par franceinfo, Jean-Christophe Ogier
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
TROIS REGARDS SUR LA GRANDE HISTOIRE (KIM, DENOÊL GRAPHIC / TARDI, CASTERMAN / BRECCIA, FUTUROPOLIS)

Le Cri du peuple, Perramus et L'Epopée espagnole avaient été initialement publiés en feuilleton. Réunis en intégrales, ces trois chefs-d'oeuvre dégagent toute leur puissance. 

Tardi, Vautrin et le peuple de Paris

Dans la préface que l’on retrouve dans l’édition intégrale du Cri du peuple, Jean Vautrin s’enthousiasme : "Quand Tardi a dessiné, j’ai compris qu’il était revenu le temps des cerises. Et j’ai su que mon texte avait rencontré son Daumier." Dans cette évocation des derniers jours de la Commune de Paris, le travail de Jacques Tardi vaut bien celui du grand caricaturiste Honoré Daumier.

Maître du noir et blanc, si vrai dans sa représentation de la capitale en 1871, de Montmartre au Père Lachaise, de l’Hôtel de ville au Panthéon, du Point-du-jour à la Roquette, gourmand de trognes en tous genres, Tardi met en scène avec colère et jubilation la révolte du p’tit populo, matée sans pitié par l’armée de Thiers. Sur plus de 200 pages, Tardi fait luire les pavés que fracassent les chevauchées de la troupe. Il fait coasser les corbeaux au-dessus du maquis, monte la barricade, aligne les canons. Pour finir par gueuler, le poing levé : "Ni Dieu, ni maître".  

Lire cette intégrale du Cri du peuple aux éditions Casterman n’est pas la plus mauvaise façon de marquer l’anniversaire des 150 ans de la Commune.

Breccia, Sasturain et la dictature argentine

En Argentine, le maître incontesté du noir et blanc avait pour nom Alberto Breccia. Dans les années 1980, Breccia et son scénariste d’alors, Juan Sasturain, ont livré sous le titre Perramus une satire féroce de leur pays en proie à une dictature militaire qui allait se solder par 30 000 disparus, 15 000 fusillés et des milliers de prisonniers politiques. Ce long feuilleton sous-titré La Ville et l’oubli vient d’être rassemblé par les éditions Futuropolis en un seul volume de quelque 470 pages. Cette farce macabre est aussi un hommage à la culture populaire de l’Argentine, son football, son tango, sa littérature. Ne vous étonnez pas d’y croiser Borges et Carlos Gardel !

Perramus,La Ville et l’oubli, Futuropolis

Altarriba, Kim et l'Espagne du XXe siècle

Chef d’œuvre encore, L’Epopée espagnole d’Antonio Altarriba et Kim, tient autant de la biographie familiale que de la grande histoire. Altarriba y raconte d’abord la vie de son père. Ce premier livre, L’Art de voler, a été couronné à sa sortie par le Grand prix de la critique de l’ACBD, l’association des journalistes spécialisés en bandes dessinées. Altarriba prit alors conscience de l’injustice faite à sa mère dont la vie méritait tout autant d’être contée. Son portrait aura pour titre L’Aile brisée. Réuni en un volume, ce diptyque raconte l’Espagne du XXe siècle, monarchiste, républicaine et franquiste, vue à travers les yeux de deux petites gens, au destin en apparence banal, qui se confond avec celui de leur pays.

L’Epopée espagnole, chez Denoël Graphic.

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