BD bande dessinée. Au cœur de 1789
Liberté, Egalité, ou la mort. Il ne faudra pas moins de 900 pages et trois volumes à Florent Grouazel et Younn Locard pour mener à bien leur ambition : redonner vie à la Révolution française.
Dans cette bande dessinée monstre, la Révolution est décrite comme un carnaval joyeux et cruel. Les idées fusent et les têtes tombent. Nous sommes à Paris, en 1989. La populace en colère prend toute la place, bagarreuse, égoïste ou solidaire.
Elle court, elle court, la racaille
Elle pille, la rebelle, pendant que dans les salons, la noblesse s’inquiète à peine.
Nous voulions faire vivre la révolution à des personnages. Elle n’est pas portée que par des idées, ni construite comme une suite logique, un chemin tout tracé. Là-dedans, ça vit, ça palpite. Ça part dans un sens, ça repart complètement dans l’autre.
Younn Locard
Dans sa postface, Pierre Serna, historien de la Révolution française dit du travail des deux jeunes Bretons qu’ils ont donné à voir comment un peuple devient révolutionnaire.
Du côté des gueux
L’histoire commence en juillet 1789, en pleine fusillade, alors que la foule du faubourg Saint-Antoine a pénétré dans les magasins Réveillon. La troupe tire sans faire de quartier. Le récit se poursuit sans respirer, dans les pas d’une domestique jetée à la rue. Ici des enfants sont raflés, là, la Bastille va tomber. A Versailles, les représentants du clergé, de la noblesse et du tiers état s’écharpent à la tribune. Grouazel et Locard ont choisi leur camp. Leurs personnages préférés sont les gueux. Et particulièrement les femmes.
Ces gens ne sont pas souvent présents dans les grandes histoires. Ils n’ont pas laissé d’écrits, sont peu représentés dans l’iconographie. Ça nous permet de mettre en scène des personnages assez inédits qui se sont emparés de leur destin politique et qui débattent. La moindre rue de Paris se met à résonner des motions que les gens peuvent porter.
Florent Grouazel
Graphiquement, le lecteur aura constamment l’impression d’un dessin pris sur le vif, comme si les deux dessinateurs avaient voyagé dans le temps pour jouer les reporters dans les rues de Paris en 1789. Grouazel et Locard racontent et dessinent à quatre mains d’un même élan, sans qu’on ne sache jamais qui fait quoi dans l’affaire.
Le premier volet de cette fresque imposante et habitée a pour titre Liberté. Révolution est publiée aux éditions Actes Sud - L’An 2.
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