Automobile : des pneus à base de pissenlit sont développés par Goodyear et Continental

Il faut s’attendre à du nouveau dans l’industrie du caoutchouc. Des recherches sont menées en Allemagne et aux États-Unis pour améliorer l'extraction de latex des pisselits et ainsi produire ces pneus en masse.
Article rédigé par Anicet Mbida
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Pneu hiver "Taraxa Gum" de chez Continental, fabriqué avec du caoutchouc de pissenlit, en 2018. (PICTURE ALLIANCE / PICTURE ALLIANCE)

Lorsque l'on casse une tige ou des racines de pissenlit, un petit suc blanc en sort, c’est du latex. Ce latex peut ensuite être transformé en caoutchouc pour en faire des pneus. C’est un procédé qu’essaient actuellement de perfectionner Goodyear, aux États-Unis, et Continental, en Allemagne.

Actuellement, le caoutchouc naturel est issu des hévéas, l’arbre à caoutchouc par excellence, dont on saigne l’écorce pour récupérer le latex, principalement en Asie du Sud-Est, mais aussi en Amérique du Sud et en Afrique.

Produire un caoutchouc maison

Trouver un autre moyen de produire ce caoutchouc est avant tout une question de souveraineté. Aujourd’hui, le caoutchouc naturel est classé "matériau critique" en Europe, exactement comme les terres rares, ce groupe de 17 métaux indispensables aux technologies de pointe (smartphones, disques durs, écrans, éoliennes, batteries de voiture électrique etc.). Cette dépendance aux importations d’Asie est d'autant plus problématique que l'hévéa est un arbre sensible aux maladies, comme on a pu le déplorer en Amérique du Sud.

Il serait donc précieux d'avoir de nouvelles plantes à latex, surtout si elles poussent sous nos latitudes. Parmi les autres plantes capables de produire ce suc caoutchouteux, on trouve le guayule, petit arbuste du désert mexicain, ou le pissenlit. Le caoutchouc obtenu est exactement le même. Seule, la façon de le récolter est différente. Il faut broyer les racines du pissenlit pour en extraire le latex.

Une demande qui explose

C’est très important d’avoir cette alternative pour les fabricants de pneus, car la demande explose. Notamment à cause des voitures électriques, qui accélèrent plus fort que les voitures thermiques. Cette poussée met plus de contraintes sur les pneus, ce qui les use davantage.

De plus, le caoutchouc naturel est essentiel pour l'industrie automobile car il permet d'obtenir des pneus plus performants. Le caoutchouc issu de la pétrochimie donne non seulement un pneu de moins bonne qualité, mais aussi plus polluant, ce qui ne va pas dans le sens de la décarbonation.

Pour le moment, la production de caoutchouc à base de pissenlit n'est pas rentable, mais la recherche a mis un coup d'accélérateur pour améliorer le processus. Avec les échanges internationaux qui se multiplient toujours davantage, on craint un jour une contamination des hévéas asiatiques ; la production de caoutchouc naturel pourrait alors chuter d’un coup. Ce serait une catastrophe s’il n’y a pas d’alternative.

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