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Le marais poitevin est-il menacé par le réchauffement climatique ?

Il y a douze ans, la tempête Xynthia dévastait le littoral de la Vendée et de la Charente-Maritime provoquant des inondations sans précédent. Éric Chaumillon, enseignant chercheur à La Rochelle, professeur de géologie marine et littorale est l'invité du "Fil de l'eau".

Article rédigé par franceinfo, Catherine Pottier
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
4 mars 2010. Conséquences de la tempête Xynthia en Vendée à la Faute-sur-Mer dans la nuit du 27 au 28 février 2010. (Illustration) (ALAIN DENANTES / GAMMA-RAPHO VIA GETTY IMAGES)

Le marais poitevin est-il menacé par les phénomènes météo extrêmes ? La tempête Xynthia qui a balayé l'Europe occidentale entre le 26 et le 28 février 2010 a fait plus de 50 morts en France, dont 35 en Vendée (29 morts sur la seule commune de La Faute-sur-mer).

Les vents violents, mêlés à la pleine mer et à un fort coefficient de marée (coefficient 102), ont entraîné un épisode brutal et intensif de submersion marine.
On évalue les dégâts matériel à 1 milliard et demi d'euros ( 800 millions d'euros pour les conséquences du vent et 700 millions pour les inondations .

"Xynthia a été un tournant dans la perception des aléas et des risques littoraux."

Chaumillon, professeur de géologie marine et littorale

à franceinfo

La tempête Xynthia a permis d'observer et de modéliser l'élévation anormale du niveau de la mer. La surcote a atteint 2 mètres dans la baie de l'Aiguillon, située en face du marais poitevin. Des terres situées à plus de 10 kilomètres ont été inondées.

"On a retrouvé le paysage d'antan" 

Éric Chaumillon précise que le marais poitevin était un territoire de polders autrefois, une zone qui a ensuite été gagnée sur l'océan. En fait, c'est l'homme qui a domestiqué l'eau, pour faire de l'élevage et de la culture dans cette région. Les baies situées dans la zone du marais sont des lieux de sédimentation naturelle.

"Ce sont des lieux où les sédiments s'accumulent et remplacent l'eau en quelque sorte", explique le chercheur. Ce phénomène a été accentué et amplifié par l'activité humaine, qui a consisté à creuser des drains et des canaux pour assécher les marais, et à construire des digues avec les sédiments, afin d'empêcher l'eau de l'océan d'entrer dans les polders.

"La vulnérabilité du marais poitevin, c'est sa situation en-dessous du niveau de la mer."

Éric Chaumillon

à franceinfo

Il faut bien comprendre que le site est complètement artificiel. Si le marais était laissé à son évolution naturelle, le sol s'adapterait à l'élévation du niveau de la mer et monterait en même temps.
Aujourd'hui, ce n'est plus possible car les digues qui ont été construites empêchent l'eau de rentrer mais elles bloquent aussi l'arrivée des sédiments. Cette situation fragilise le marais, car certains secteurs se trouvent 2 à 3 mètres en-dessous du niveau de la mer, autant dire que la situation sera encore plus périlleuse en 2100 !

Certains travaux scientifiques tendent à démontrer qu'en laissant pénétrer la mer dans des secteurs contrôlés, on pourrait regagner des sédiments et donc élever le sol naturellement pour atteindre le niveau de la mer.

Laisser la nature retrouver un état d'équilibre 

Éric Chaumillon estime qu'il est possible de préserver le marais en valorisant des solutions fondées sur la nature. Les écosystèmes du littoral ont une réelle capacité de résilience. C'est vrai aussi pour les écosystèmes terrestres qui ont une faculté d'adaptation et de retour à un certain état d'équilibre, après des épisodes perturbés.


L'activité humaine est également en cause. Éric Chaumillon souhaiterait que l'homme commence à engager une réelle transition vers d'autres méthodes de culture par exemple. Selon lui, il faut privilégier des plantes et des cultures qui résistent mieux aux inondations.
Le changement climatique implique non seulement des changements de températures, mais aussi des changements au niveau du débit des fleuves.
"Désormais il faut s'habituer à ces inondations plus fréquentes et plus intenses", conclut le chercheur de La Rochelle.

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