Marine Le Pen plaide pour le "politiquement correct"

On comprend, bien
sûr, le souci sémantique de Marine et son obsession de dé-diaboliser son
mouvement. Mais on voit mal de quel chef d'accusation elle pourrait se
prévaloir. En l'occurrence ce ne pourrait être que diffamation ou injure.

Bien sûr,  ça se
plaide. D'ailleurs, tout se plaide dans un Etat de droit. Mais pour la
diffamation, on repassera. Que ce soit par son idéologie ou ses relations avec
des mouvements quasi jumeaux européens, le FN est le lointain héritier des
ligues nationalistes des années trente et occupe bien l'extrémité droite de
l'échiquier politique. Une position paranoïaque de seul contre tous qui demeure
sa marque de fabrique. Voilà pourquoi les journalistes continueront sans doute
à lui coller cette étiquette qui, de plus, n'est pas en soi injurieuse. On
admettra que dans la bouche de ses nombreux adversaires, le terme d'extrémisme
n'est pas un compliment. Mais ça n'en fait pas pour autant une injure.

D'ailleurs l'extrémisme fait partie de la vie politique et
même parfois de la gouvernance. N'est ce pas une position extrême par exemple
de vouloir quasiment seul attaquer la Syrie ?

En vérité, Marine Le Pen voudrait, ça se comprend, qu'on
applique à son parti la même indulgence politiquement correcte que les médias
accordent depuis quelques mois à la gauche. C'est ainsi que le qualificatif "extrême gauche" a quasiment disparu du vocabulaire journalistique,
remplacé qu'il est par l'étiquette "gauche de la gauche", ce qui
évidemment ne veut rien dire. Car si on va au bout du raisonnement, il faudra
déclarer que le PS est à gauche, le PC à gauche de la gauche, les Verts à
gauche de la gauche de la gauche et Mélenchon à gauche de la gauche de la
gauche de la gauche.

Et en allant encore plus loin, on tombera sur le Front national
car chacun sait que les extrêmes se touchent, quand bien même seraient-ils
allergiques aux étiquettes qu'on leur donne quand on a le courage d'appeler un
chat un chat.