"La résistance des matériaux" de François Médéline, aux éditions La Manufacture de Livres
C'est un peu un retour aux sources que propose Francois Médéline avec ce roman noir très politique. En effet, l'écrivain alternait plutôt, jusque-là, les romans politiques et historiques consacrés à la Seconde guerre mondiale et à l'épuration. Dans La Résistance des matériaux, son septième roman, publié à la Manufacture de Livres, l'auteur a choisi de librement s'inspirer de l'Affaire Cahuzac.
Une histoire tirée du réel
On est en décembre 2012, Mediapart dévoile un compte caché au Luxembourg qui appartiendrait au ministre de l'Intérieur Serge Ruggieri. François Hollande est depuis peu président de la République. L’image de l’État exemplaire se ternit. Une guerre de communication s’engage, président, ministres et députés placent leurs pions pour éviter de couler avec Ruggieri. En arrière-plan, Nicolas Sarkozy espère profiter de la situation.
Dans les zones grises de la République, un géant du BTP qui pourrait être éclaboussé par l’affaire ne compte pas attendre les résultats de l’enquête pour savoir s’il sera inquiété. Il entreprend de mettre en scène un scandale qui détournerait l’attention des médias en cas d’explosion de l’affaire. La députée suppléante de Ruggieri devient la cible de ce complot. D’origine maghrébine et issue de la banlieue lyonnaise, sa personnalité et son passé en font une cible idéale.
Un plan qui serait simple et dévastateur si un policier lyonnais, qui n'a plus grand-chose à perdre, ne se mêlait de l’affaire.
Les artifices du genre
Avec d'abord ce procédé qui consiste à faire se rencontrer personnages de fictions et personnalités bien réelles : président de la République, ancien président, magistrats, conseillers politiques, conseillers en communication, etc.
Le roman est ensuite ponctué d'articles de presse imaginaires, d'écoutes américaines de la NSA, de notes d'agences en communication politique.
Le décor est posé avec précision, le plus souvent à Lyon, ville devenant le théâtre de ces jeux politiques malsains (une ville que François Médéline connaît parfaitement).
Et comme c’est un roman noir, on retrouve un barbouze de la République, cynique, à la tête d'une officine chargé de coups tordus. Il y a des policiers plus ou moins véreux ou incontrôlables.
Ainsi, François Médéline, plutôt bon connaisseur des arcanes du monde politique, nous plonge dans les trous noirs de la République comme dans un monde de violence où l’ivresse du pouvoir justifie tout.
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