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Fonds pour le monde agricole, inondations dans le Pas-de-Calais, autorisation du glyphosate... Le "8h30 franceinfo" de Marc Fesneau

Le ministre de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire était l'invité du "8h30 franceinfo", mercredi 15 novembre 2023.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Marc Fesneau, ministre de l'Agriculture, était l'invité du "8h30 franceinfo", mercredi 15 novembre 2023. (FRANCEINFO / RADIOFRANCE)

Marc Fesneau, ministre de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, était l'invité du "8h30 franceinfo", mercredi 15 novembre 2023. Fonds pour le monde agricole face aux intempéries, inondations dans le Pas-de-Calais, prolongation de l'autorisation du glyphosate dans l'UE... il répondait aux questions de Salhia Brakhlia et Jérôme Chapuis.

Intempéries : création d'un "fonds de 80 millions d'euros" pour le monde agricole, pour la "Bretagne, la Normandie et les Hauts-de-France"

Un "fonds de 80 millions d'euros" est mis en place pour le monde agricole, pour la "Bretagne, la Normandie et les Hauts-de-France", annonce Marc Fesneau sur franceinfo. Ce fonds "permettra de couvrir à la fois les pertes de récoltes, mais aussi les pertes d'investissements qui ne seraient pas couverts par les assurances".

"Une partie du dur continue, la remise en route est longue", reconnaît Marc Fesneau. Difficile à ce stade d'établir un bilan de ces intempéries. Selon le ministre de l'Agriculture, "une centaine d'exploitations" a été touchée par les inondations "à différents degrés". "Il y a des bâtiments inondés, mais il y a aussi des terres, des cultures inondées et on ne peut pas y accéder quand vous avez 1 mètre 50 d'eau, vous ne savez pas ce qu'il reste en dessous, dans quel état c'est […] à partir de la décrue, on aura une vision plus complète de l'étendue des dégâts", ajoute-t-il.

Inondations dans le Pas-de-Calais : "plusieurs milliers d'hectares de betteraves ne pourront sans doute pas être récoltés"

Parmi les cultures touchées : le colza "qui venait d'être semé", les cultures maraîchères également, le ministre citant l'exemple du chou dont la récolte venait de commencer et dont "un tiers, voir les deux tiers" sont perdus. Plus problématique encore : la culture de la betterave "qui était encore en place". " Ce sont plusieurs milliers d'hectares de betteraves sans doute qui ne pourront pas être récoltés puisque nous étions au milieu de la saison", avance le ministre. Les Hauts-de-France est la première région de production de betteraves en France, cette absence de récolte risque d'avoir des conséquences sur le prix du sucre, déjà fortement touché par l'inflation.

"Il faut être vigilant", reconnaît le ministre soulignant qu'il s'agit là d'un autre type d'inflation lié au dérèglement climatique. Jusqu'ici, la hausse des prix a été causée par d'autres sujets précise Marc Fesneau, notamment le coût de l'énergie et celui des emballages. "C'est une inflation d'une autre nature que celle qu'on a connue à partir de 2022, donc il faut avoir une vigilance et qu'on assure nos besoins y compris" en tenant compte du dérèglement climatique prévient le ministre de l'Agriculture.

Inondations dans le Pas-de-Calais : "200 bovins ont été perdus"

Si plusieurs opérations "absolument incroyables" ont eu lieu pour sauver de nombreux animaux, des pertes sont aussi à déplorer pour les élevages. D'après Marc Fesneau, "200 bovins ont été perdus, noyés par la montée des eaux trop brutales". Les pertes concernent également le matériel de traite, les robots agricoles.

Le ministre reconnaît aussi que des maladies pourraient apparaître chez certaines bêtes, "un animal qui reste 24/48H avec de l'eau jusqu'au cou, ce n'est pas impossible que des maladies apparaissent", explique le ministre redoutant des surcoûts vétérinaires à venir. "Il y a ce qu'on va voir tout de suite, ce qu'on va voir à moyen terme et sur le long terme", résume Marc Fesneau qui prévient qu'il y aura des ajustements dans les aides à venir.

"Il n'y a pas de raison que le vote change" : la France se dirige vers une nouvelle abstention jeudi lors du vote des États membres sur le glyphosate

"On attend les derniers éléments de propositions de l'Union européenne" sur le glyphosate, "s'il n'y a pas de changement, il n'y a pas de raison que le vote" de la France "change", a indiqué Marc Fesneau. La France s'était abstenue lors d'un premier vote le 13 octobre alors que la Commission européenne propose de reconduire l'autorisation de l'herbicide controversé pour dix années supplémentaires.

L'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), qui a rendu un rapport l'été dernier, ne l'estime pas assez dangereux pour justifier une interdiction du glyphosate, alors que l'Organisation mondiale de la santé (OMS) le classe "probable cancérogène". Lors d'un premier vote en octobre, la majorité requise pour adopter ou rejeter la proposition de la Commission relative au renouvellement du glyphosate n’avait pas été atteinte. Les 27 pays européens vont devoir une nouvelle fois se prononcer ce jeudi.

"L'interdiction totale, ce n'est pas possible", a martelé Marc Fesneau. "On a constaté qu'il n'y avait pas d'alternative aujourd'hui", a-t-il expliqué. Pourtant, Emmanuel Macron avait tweeté en novembre 2017 avec le hashtag #MakeOurPlanetGreatAgain : "J’ai demandé au gouvernement de prendre les dispositions nécessaires pour que l’utilisation du glyphosate soit interdite en France au plus tard dans trois ans", écrit-il. Depuis, la position du président de la République sur le glyphosate a quelque peu évolué. Marc Fesneau a tenté de la définir : "La position de la France est simple. Là où il y a des alternatives, il faut que l’on continue à les pousser pour avoir une trajectoire de réduction, là où il n'y a pas d'alternatives, on cherche pour essayer de trouver", a-t-il expliqué.

Glyphosate : "Il y a parfois des impasses techniques qui existent en agriculture"

Le ministre de l'Agriculture admet que les scientifiques patinent : "Il y a parfois des impasses techniques qui existent en agriculture" dit-il en faisant le parallèle avec la recherche médicale : "Il y a des maladies sur lesquelles on n'a toujours pas de médicament. C'est pareil", affirme-t-il.

"Il n'y a aucun pays européen qui se passe du glyphosate et par contre, il y a un seul pays européen qui a réduit l'utilisation du glyphosate, c'est la France", a-t-il affirmé. En 2020, le Luxembourg avait été le premier pays de l'Union européenne à bannir le glyphosate. "Le Luxembourg a une position du moment", a rétorqué le ministre.

Marc Fesneau a rejeté les accusations faites selon lesquelles il sacrifierait la santé de milliers de Français pour les intérêts agro-industriels : "J'ai une famille, j'ai des enfants, donc je n'accepterai jamais qu'on me fasse la leçon. Moi aussi, je défends les intérêts de la santé des Français et je m'en préoccupe", a-t-il répondu.

Maladie hémorragique bovine : prise "en charge les surcoûts vétérinaires"

Le ministère de l'Agriculture promet de prendre "en charge les surcoûts vétérinaires" concernant la maladie hémorragique épizootique (MHE) qui touche bovins et cervidés dans les élevages français, principalement dans les Pyrénées-Atlantiques et les Hautes-Pyrénées.

La France compte à ce jour plus de 2 100 foyers à travers le pays. Dans la plupart des cas, les bêtes sont victimes de fièvre et d'amaigrissement, mais ne meurent pas. Marc Fesneau reconnaît malgré tout, "qu'il y a tout de même un taux de mortalité". Le ministère promet donc d'accompagner les éleveurs et "de prendre en charge les bovins qui vont mourir, mais aussi les surcoûts vétérinaires". En déplacement, dans les Pyrénées-Atlantiques, il a pu voir "une vache qui avait perdu 200 kilos en un mois et qui avait du mal encore à se tenir sur ses pattes" et il reconnaît que "là, c'est une perte qui, à terme, peut être très lourde pour l'éleveur".

Marc Fesneau prévient également que si une période d'accalmie est attendue dans les semaines à venir, "une résurgence" est à craindre au printemps, avec les moucherons vecteurs de la MHE qui ont besoin de températures douces pour se développer. "C'est à cela qu'il faut se préparer et il faut globalement se préparer à un système sanitaire qui va être très sollicité", affirme le ministre. "C'est un sujet dramatique pour certains éleveurs", admet-il. Cette maladie virale n'est pas transmissible à l'homme.

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Retrouvez l'intégralité du "8.30 franceinfo" de Marc Fesneau de mercredi 15 novembre 2023 :

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