Déficit public, taxation des superprofits, réquisitions industrielles... Le "8h30 franceinfo" de Roland Lescure
Roland Lescure, ministre délégué chargé de l'Industrie et de l'Énergie était l'invité du "8h30 franceinfo" du mercredi 27 mars 2024. Déficit public, réindustrialisation, économie de guerre, tarifs de l'électricité et EPR de Flamanville, il répondait aux questions de Salhia Brakhlia et Jérôme Chapuis.
La "rigueur" plutôt que le "relâchement" et "l'irresponsabilité" face au déficit
Interrogé sur la formule du Premier ministre, Gabriel Attal, qui affirme que le gouvernement doit "poursuivre sur cette voie de la rigueur" pour faire face au déficit, Roland Lescure, ministre délégué à l'Industrie explique que "la meilleure manière de régler le problème du déficit public, c'est de réindustrialiser".
Pour lui, il faut "continuer à préparer la France de demain". Il vaut mieux appeler à la "rigueur" plutôt qu'au "relâchement" et à "l'irresponsabilité", défend-il. "L'irresponsabilité est plutôt" du côté des oppositions, "notamment de la droite dite républicaine qui a proposé à l’Assemblée en plein débat budgétaire des dizaines et de dizaines d’amendements pour des centaines de milliards d’euros de dépenses supplémentaires. Les leçons de responsabilités budgétaires, on n’a pas à en recevoir" , juge le ministre.
Alors que le déficit public de la France atteint 5,5% en 2023, le gouvernement explore plusieurs pistes pour faire des économies. Emmanuel Macron et le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire ont déjà exclu une augmentation des impôts.
Taxation des superprofits
"Je serai extrêment prudent avant de dire taxons, taxons, taxons encore et davantage", réagit Roland Lescure alors que la présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, a remis sur la table la question de la taxation des superprofits face aux enjeux du déficit public.
"En France, aujourd'hui, il y a des super-entreprises qui sont super-créatives, super-innovantes, qui ont des super-résultats et qui paient déjà des super-taxes", ajoute-t-il. Il y a "un secteur à part : l'énergie".
Réquisitions, "un peu de pression" pour augmenter "les cadences"
"Il faut peut-être qu'on mette un peu de pression" sur les entreprises, déclare Roland Lescure, alors que Sébastien Lecornu, ministre des Armées, a affirmé mardi qu'il n'excluait pas de recourir à des réquisitions dans l'industrie pour accélérer "les cadences" de production d'armements.
La France souhaite se mettre dans une logique d'"économie de guerre" pour continuer à soutenir l’Ukraine, mais "on ne va pas transformer des machines à laver en chars d'assaut", ironise Roland Lescure, mais "il faut qu'on augmente beaucoup, beaucoup les cadences".
Pour l'instant, le gouvernement engage "une conversation avec les industriels de la défense", a soutenu Roland Lescure, tout en menaçant à demi-mot que "tout ce qu'on a voté peut être mis en œuvre". La loi de programmation militaire contient une disposition qui permet de prioriser au sein des industries la production de matériel militaire par rapport au matériel civil.
Quelque 201 créations d'usines en 2023 contre 176 en 2022
Roland Lescure, ministre délégué à l'Industrie, a annoncé 201 créations ou agrandissements d'usines en 2023 contre 176 en 2022, selon les chiffres d'un nouveau baromètre industriel lancé pendant le salon Global Industrie qui a lieu cette semaine à Villepinte (Seine-Saint-Denis). En 2023, ce sont " 57 nouvelles usines et 144 augmentations d'une production", précise-t-il. Alors que la France du textile est en berne depuis des années en France, le ministre se réjouit d'annoncer la création de "20 usines de plus dans le textile". Par ailleurs, "on a un les Petits bateaux qui augmente sa ligne de production. On a le Coq sportif qui va être présent au JO, qui habille nos sportifs. On a le Slip français, qui est une entreprise française exceptionnelle. On installe des usines en France. Ce sont de bonnes nouvelles" se réjouit-il.
EPR Flamanville, "on n'est pas à deux semaines près"
"Ça fait 12 ans qu'on l'attend, j'allais dire, on n'est pas à deux semaines près". Le ministre délégué chargé de l'Industrie a réagi à l'annonce d'un retard dans le chargement du combustible du réacteur EPR de Flamanville. Mardi, l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a indiqué qu'elle lancerait "dans les prochains jours" la consultation du public sur le projet de décision de mise en service, pour 15 jours, voire trois semaines, avant de prendre sa décision.
"On verra d'ici la fin avril quelle est la décision de l'ASN", ajoute le ministre. EDF a besoin du feu vert du gendarme du nucléaire avant de charger les barres de combustible nucléaire dans le réacteur. Jusqu'à présent, l'énergéticien avait annoncé que ce serait fait au premier trimestre 2024, un objectif plusieurs fois répété. La date du raccordement de l'EPR de Flamanville au réseau est maintenue à mi-2024, selon les dernières informations réglementaires d'EDF. Elles remontent à décembre 2023.
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