Cet article date de plus de six ans.

"Privatiser la SNCF, c'est leur projet", dénonce Alexis Corbière

Invité sur franceinfo lundi 12 mars, le député de Seine-Saint-Denis Alexis Corbière a notamment soutenu que le gouvernement et Guillaume Pépy, le patron de la SNCF, contrairement à ce qu'ils affirment, avaient pour projet de privatiser l'entreprise publique. Matignon évoque un "mensonge complet".

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Le député de Seine-Saint-Denis, Alexis Corbière, était l'invité de franceinfo. (FRANCEINFO / RADIOFRANCE)

Alors que le 22 mars les fonctionnaires et les cheminots manifesteront contre les projets du gouvernement sur l'avenir de la SNCF, Alexis Corbière, député La France insoumise, invité sur franceinfo lundi 12 mars, assure qu'il se joindra à eux. Pour le porte-parole de Jean-Luc Mélenchon, le gouvernement et Guillaume Pépy, le patron de la SNCF, contrairement à ce qu'ils affirment, auraient pour projet de privatiser l'entreprise publique. Aussi descendra-t-il lui aussi dans la rue : "Il le faut, a-t-il soutenu. Avec la population."

Matignon dément

Selon le député, la modification du statut des cheminots par le gouvernement, avec l'aide de Guillaume Pépy, n'aurait d'autre finalité que de rendre possible une telle privatisation. "C'est leur projet, a-t-il soutenu. Sinon, je ne comprends pas la logique." Alexis Corbière ne souhaite pas le maintien d'un statu quo : "Quand Edouard Philippe dit que si on ne fait rien dans les 10 ans qui viennent, la dette va continuer à se creuser de 15 milliards, il a raison, commente-t-il. Toutefois, il faut s'interroger : est-ce que les Français savent que 1,5 milliard d'euros chaque année ce sont les intérêts de la dette ? C'est absurde et inacceptable." Selon Alexis Corbière, si l'État reprenait la dette sans recourir aux banques privées, la dette de la SNCF serait effacée dans les dix ans. "C’est un mensonge complet, dément-on à Matignon. Aujourd’hui la SNCF est un EPIC, que nous voulons transformer en société anonyme à capitaux publics, dans laquelle l’Etat conservera 100% des titres."   

Le FN, "Retour vers le futur" ?

Marine Le Pen a proposé dimanche aux militants de rebaptiser le Front national en "Rassemblement national". Alexis Corbière y voit un retour en arrière : "C'est un peu Back to the future [le film Retour vers le futur], on revient un peu en arrière", a-t-il réagi. "Cela a été dit en 1986, rappelle le porte-parole de Jean-Luc Mélenchon, lorsque le Front national avait fait son entrée en force à l'Assemblée nationale, en rassemblant des figures d'extrême droite et de la droite un peu classique, un peu has been des fois. Cette alliance s'appelait "Rassemblement national". Donc, ce n'est pas très nouveau."

Le problème ce n'est "pas l'étiquette", c'est "l'orientation stratégique", estime Alexis Corbière. Changer de nom n'amènera, selon lui, rien. "Ce n'est pas parce que la région Nord-Pas-de-Calais s'appelle Hauts-de-France qu'il ne faut pas prendre la même route. Ce sont les mêmes paysages, les mêmes habitants. C'est pareil pour le FN." Alexis Corbière ne verrait un tournant au Front national qu'à condition que celui-ci s'ouvre électoralement à droite. "Il semble, si j'ai l'oreille fine, que c'est ce qu'ils veulent faire, estime-t-il. Auront-ils les partenaires pour le faire ? On verra..."

Marine Le Pen a déclaré ce dimanche que le débat sur être de droite ou de gauche ne l'intéressait plus. De son côté, Jean-Luc Mélenchon "refuse ce jeu d'étiquettes". "L'extrême droite cherche à voler les mots du camp populaire, analyse Alexis Corbière, estimant qu'il existe désormais un clivage "peuple-oligarchie" aujourd'hui. "Nous pensons que le mot de gauche, ayant été particulièrement éclaboussé, sali, n'est pas un mot opérant, estime-t-il. Plutôt que de dire qu'il faut rassembler la gauche, nous cherchons à fédérer le peuple autour de thèmes, de questions sociales, écologiques, démocratiques."

"Je suis pour la souveraineté populaire, pourquoi pas même exprimer la souveraineté nationale, je peux la défendre, indique le député. Je suis contre la mondialisation libérale, pas contre le fait que nous échangions avec d'autres peuples du monde. La question, ce sont les conditions de cet échange." Pour lui, l'extrême droite cherche à "voler les mots du camp populaire". Alexis Corbière, qui se revendique "populiste, républicain, humaniste" avertit les électeurs : "Si vous êtes issus du milieu populaire, ne votez pas FN, vous vous faites arnaquer. Sur le terrain social, ils ne sont pas là. Il y a essentiellement La France insoumise."

L'affaire des comptes de campagne, un "buzz"

"Nos comptes de campagne ont été validés, il n'y a pas de problèmes", assure Alexis Corbière. L'affaire des comptes de campagne, révélée par franceinfo, est "un buzz qui consiste à faire croire que nous aurions en quelque sorte franchis la légalité." Une enquête de la cellule investigation de francinfo montre qu’une société et une association ont réalisé d’importants profits pendant la campagne présidentielle de Jean-Luc Mélenchon, ce qui a attiré l’attention de la Commission des comptes de campagne. "En même temps que vous avez la réforme de la SNCF, que tous les comptes des campagnes sont validés, en choisir un pour faire croire qu'il y aurait un cas particulier, c'est sous-entendre que ceux qui vont se faire entendre contre la réforme de la SNCF ne sont pas blanc-bleu", se défend Alexis Corbière.

Regardez l'intégralité de l'entretien d'Alexis Corbière sur franceinfo le 12 mars 2018.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.