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Pour Sarkozy, Hollande aura à "rendre compte" de son livre de confidences, "une violation manifeste du secret défense"

Invité sur franceinfo mercredi 2 novembre, Nicolas Sarkozy a fustigé le livre de confidences de François Hollande. Le candidat a également concentré ses attaques sur François Bayrou.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Nicolas Sarkozy, le 2 novembre 2016 sur franceinfo (Jean-Christophe Bourdillat / Radio France)

À moins de trois semaines du premier tour de la primaire de la droite et du centre, Nicolas Sarkozy était l'invité de franceinfo mercredi 2 novembre. Le candidat a dénoncé la "forfaiture" de François Hollande et de son livre de confidences Un président ne devrait pas dire ça. Il a également dénoncé la "déloyauté" de François Bayrou.

Livre de confidences de Hollande, une "forfaiture"

Nicolas Sarkozy a affirmé qu'il partageait "à 100% l'analyse" de son ancien Premier ministre, François Fillon, quand ce dernier estime que François Hollande devrait être visé par une procédure de destitution pour avoir dévoilé dans son livre de confidences des informations relevant du secret défense. Dans Un président ne devrait pas dire ça, l'actuel chef de l'État révèle notamment avoir donné des ordres pour des homicides ciblés  dans le cadre de la lutte contre le terrorisme à l'étranger. Une "violation manifeste du secret défense", pour Nicolas Sarkozy.

"Imaginez que je me sois laissé aller à montrer à des journalistes des plans secrets d'intervention de nos avions. Imaginez que j'ai indiqué à des journalistes que j'avais donné des ordres secrets à nos forces spéciales pour éliminer tel ou tel ennemi de la France. C'est une forfaiture. Il n'y a pas une démocratie au monde qui accepterait ça", a déclaré l'ancien président.

Pour Nicolas Sarkozy, ces faits sont d'une "gravité extrême". Mais il ne sert à rien, selon lui, d'entamer une procédure de destitution : "On va destituer qui ? Quoi ? Un gouvernement où chaque jour des ministres disent du mal du président ? Et où, au sommet de l'État, il y a une bagarre rangée entre le président et le Premier ministre ?"

Selon le candidat à la primaire, l'actuel président a voulu "faire le malin". L'ancien chef de l'État s'est dit "sûr qu'un jour ou l'autre Monsieur Hollande aurait à rendre compte de cette violation manifeste du secret défense."

"Je ne veux pas que la future majorité soit otage de Bayrou"

Depuis plusieurs semaines Nicolas Sarkozy et François Bayrou s'affrontent à coup de petites phrases. "Je n'ai aucun problème avec François Bayrou, j'ai un problème stratégique, a réagi l'ancien président de la République. En 2012, il a voté avec enthousiasme pour François Hollande. Son projet est aux antipodes des idées que je porte." Pour lui, en s'alliant avec François Bayrou, Alain Juppé fait "clairement une erreur".

L'ancien chef de l'État a notamment dénoncé la "déloyauté" des présidents du MoDem et du Nouveau-Centre, Jean-Christophe Lagarde, qui se sont tous les deux prononcés en faveur du maire de Bordeaux. "On ne peut pas être un pied dedans et un pied dehors. C'est d'ailleurs le problème de Monsieur Bayrou qui dit 'Je ne participe pas à la primaire mais je donne mon avis tous les matins'. Si tu ne participes pas à la primaire, abstiens-toi de donner ton avis. C'est aussi le problème de Monsieur Lagarde, qui dit 'Je participe à la primaire, mais si ce n'est pas mon candidat, je ne respecte pas'. Ça s'appelle de la déloyauté. En politique, il faut être loyal", a ajouté Nicolas Sarkozy.

Interrogé par ailleurs sur le soutien de Valérie Pécresse à Alain Juppé, l'ancien chef de l'État a déclaré : "Elle a le droit, on est quand même libre. Je n'ai pas de commentaire à faire."

L'élection présidentielle n'est pas "pour les gens qui n'ont pas le cuir épais"

L'avance d'Alain Juppé sur Nicolas Sarkozy, pour le premier tour de la primaire, s'est réduite de moitié en deux semaines, passant de douze à six points, selon un sondage Ifop-Fiducial réalisé pour iTélé, Paris Match et Sud Radio. "J'aime mieux quand les sondages montent plutôt que quand ils baissent. Mais les sondages se sont tellement trompés, a réagi l'ancien président de la République. Ce sont les Français qui décideront."

Dans cette campagne pour la primaire de la droite, Nicolas Sarkozy "s'est senti toujours assez à l'aise. En tout cas de plain-pied avec les idées que j'ai envie de défendre, a-t-il expliqué. Bette Davis disait 'La vieillesse n'est pas une affaire pour les mauviettes'. Je vous dirais que la candidature à l'élection présidentielle n'est pas une affaire pour les gens qui n'ont pas le cuir épais."

Nicolas Sarkozy respectera le résultat de la primaire

L'ex-président a affirmé qu'il respecterait le résultat de la primaire de la droite et du centre, même s'il était battu par Alain Juppé. "J'ai pris un engagement et je suis un homme qui tient ses engagements", a assuré l'ancien président de la République. "Je fais tout pour emporter la primaire, mais il y a une règle : ceux qui participent à la primaire se sont engagés à soutenir celui qui sortira en champion? C'est ce que je ferai", a expliqué Nicolas Sarkozy.

En cas de victoire à l'élection présidentielle de 2017, Nicolas Sarkozy terminerait son mandat à l'âge de 67 ans. "Je pense que le monde a changé et que j'aurai, à ce moment-là, bien travaillé pour la France", a-t-il déclaré. 

Pourtant, Nicolas Sarkozy ne veut pas s'engager fermement à ne faire qu'un seul mandat. "Je suis mal à l'aise avec cet engagement-là. Parce que les gens vont dire : 'Il n'en fait qu'un, donc il n'en aura rien à faire de ce que l'on va dire, c'est dangereux'", a-t-il expliqué sur franceinfo.

Le front républicain "fait les affaires du FN"

Nicolas Sarkozy a détaillé son positionnement vis-à-vis du Front national, affirmant à la fois qu'il est toujours "pour le ni-ni (ni PS, ni FN, ndlr)" et qu'il ne veut "pas de désistement" d'un candidat Les Républicains en faveur d'un candidat socialiste. Il a toutefois réaffirmé qu'"il ne voterait jamais pour Madame Le Pen"

"Je suis contre le front républicain, parce que la confusion fait les affaires du Front national. Je suis pour une droite qui assume ses convictions, une gauche qui assume ses convictions. La démocratie meurt de débats trop fades", s'est-il expliqué.

Nicolas Sarkozy a également répété qu'une élection de Marine Le Pen à la présidence de la République "nous conduirait dans un isolement total". Interrogé sur les propos tenus, en marge de son meeting à Marseille, par nombre de ses militants qui préféreraient voter pour Marine Le Pen que pour un autre candidat, Nicolas Sarkozy a assumé sa différence avec une partie de sa base : "C'est ce qu'on appelle la responsabilité d'un homme d'État. Un électeur a le droit de dire ce qu'il veut. Je le respecte et je respecte tout le monde, y compris ceux qui votent pour le Front national parce qu'on les a déçus, et que je les ai déçus."

Colère des policiers, "le résultat des années Taubira"

Quelques centaines de policiers ont à nouveau manifesté mardi soir à Paris devant la Pyramide du Louvre pour exprimer leur défiance envers le gouvernement et leurs syndicats. "Ce n'est pas mon rôle de les soutenir, mais je les comprends, a réagi Nicolas Sarkozy. C'est inédit. Jamais on a eu un mouvement de cette ampleur et de cette profondeur. Nous avons le résultat des années Taubira."

Nicolas Sarkozy a notamment dénoncé "le désarmement pénal qui fait que les policiers arrêtent toujours les mêmes, qui sont systématiquement remis en liberté." Une situation qui a conduit selon lui "à une désespérance de ces fonctionnaires" : "Taper un policier, l'injurier, c'est devenu un sport national. Ils ne se sentent pas soutenus."

Certains policiers risquent d'être sanctionnés pour avoir manifesté sans autorisation. "J'espère que l'IGPN a d'autres choses à faire que de poursuivre les policiers mécontents. Cela en dit long. Où en est-on du droit de manifester, du droit syndical et du droit de donner son opinion ?", a ajouté Nicolas Sarkozy. S'il comprend la colère des policiers, l'ancien chef de l'État "n'accepte pas les violences, notamment celles sur le DGPN, directeur général de la police nationale" : "Il y a une limite qui ne doit pas être franchie, je pense qu'elle a été franchie."

Visionnez l'intégralité de l'interview de Nicolas Sarkozy


Nicolas Sarkozy : « Je ne veux pas la future... par franceinfo

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