Déficit de la France : "Ce n'est pas interdit de penser à l'impôt", estime Pierre Moscovici

Le premier président de la Cour des comptes a dit, mercredi sur franceinfo, douter de la "crédibilité" des propositions du gouvernement pour réduire le déficit.
Article rédigé par franceinfo
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Le premier président de la Cour des comptes, Pierre Moscovici. (MICHAEL ESDOURRUBAILH / MAXPPP)

"Ce n'est pas interdit de penser à l'impôt" pour revoir la trajectoire de la France en termes de réduction du déficit, indique mercredi 17 avril sur franceinfo Pierre Moscovici, premier président de la Cour des comptes et du Haut Conseil des finances publiques. Le HCFP a rendu mercredi un avis très critique au sujet de cette nouvelle trajectoire présentée par le gouvernement. L'exécutif martèle qu'il n'augmentera pas les impôts mais il ne faut pas interdire l'existence d'un débat à ce sujet en France, estime Pierre Moscovici.

Il faut premièrement "reconsidérer les baisses des prélèvements obligatoires envisagées", dit-il. Deuxièmement, "le débat fiscal dans un grand pays démocratique comme la France n'est pas tabou. Certains peuvent vouloir les baisser [les impôts], d'autres les augmenter. Certains peuvent vouloir davantage taxer la consommation, d'autres le capital ou la richesse. C'est un débat qui doit avoir lieu devant la représentation nationale et les Français", indique-t-il.

"Il y a sans doute des dépenses peu efficaces"

"Ce n'est pas interdit de penser à l'impôt, c'est un débat légitime", ajoute Pierre Moscovici, rappelant toutefois que "le pourcentage des impôts dans le PIB en France est un des plus élevés d'Europe". C'est donc "essentiellement par la maîtrise de la dépense qu'on doit faire les choses (...) Il y a sans doute des dépenses qui sont peu efficaces et ce sont celles-ci qui doivent être remises en cause", conclut Pierre Moscovici.

Le Haut Conseil des finances publiques est particulièrement dubitatif au sujet de la trajectoire annoncée par le gouvernement, qui vise un déficit de 3% du PIB en 2027. "Passer de 5% à 3% en trois ans demande des efforts qui n'ont jamais été faits jusqu'à présent, des efforts en dépense qui exigeraient des conditions de gouvernance entre les collectivités locales, l'État et la Sécurité sociale qui ne paraissent pas réunies.

"Donc oui, nous pensons que cela manque de crédibilité et nous voyons une situation qui est assez préoccupante."

Pierre Moscovici, premier président de la Cour des comptes

à franceinfo

Par ailleurs, "ce programme de stabilité manque de cohérence", estime Pierre Moscovici. "Les hypothèses de croissance telles qu'elles sont ne sont pas cohérentes avec les efforts de dépense demandés", juge-t-il. "Il faut vraiment trouver la bonne trajectoire, qui combine une croissance soutenue et permet des investissements dans l'avenir, de résister aux chocs et de réduire le plus possible les déficits et la dette parce que nous ne pouvons pas vivre durablement avec cette dette. Nous ne devons pas laisser une dette si massive à nos générations futures", ajoute-t-il.

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