"Aucune limite" au soutien à l'Ukraine : Emmanuel Macron "s'est retrouvé à diviser l'Europe", estime le patron du PS Olivier Faure

Invité jeudi sur franceinfo, le patron du PS, Olivier Faure, juge "irresponsable" la posture d'Emmanuel Macron au sujet de la guerre en Ukraine.
Article rédigé par franceinfo
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Le premier secrétaire du Parti socialiste français, le 12 octobre 2023. (LUDOVIC MARIN / AFP)

"En affichant sa volonté d'envoyer éventuellement des troupes au sol" en Ukraine, Emmanuel Macron "s'est retrouvé à diviser l'Europe et à faire apparaître le fait qu'aucun pays allié n'a cette intention", a affirmé, jeudi 7 mars, sur franceinfo le premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure, député de Seine-et-Marne, alors que le président de la République a affirmé jeudi aux chefs des partis politiques réunis à l'Elysée qu'il n'y avait "aucune limite" ni "ligne rouge" au soutien de la France à l'Ukraine.

"Là où il pensait faire de la dissuasion en créant une ambiguïté stratégique, comme il a pu le dire lui-même, il a au contraire donné beaucoup de clarté à Poutine", juge Olivier Faure. Selon lui, "on aurait pu laisser imaginer que cette possibilité existait", mais "désormais, Poutine sait que cette possibilité n'existe pas. Donc c'était totalement contre-productif".

"La dissuasion exige de la crédibilité", estime Olivier Faure. Lors de la réunion avec les chefs des partis politiques, Emmanuel Macron a dit, selon le patron du PS, "qu'il voulait tout envisager, que ça pouvait être du déminage et que ça pouvait être de la maintenance, mais que de toute façon, il ne voulait rien exclure parce que ça participait du rapport de force avec Vladimir Poutine". Mais Olivier Faure trouve "irresponsable" la posture du chef de l'Etat, car, "en n'ayant pas constaté cette position-là avec les alliés, il a créé une situation où tous les autres ont été obligés de dégager parce qu'aucun d'entre eux ne voulait entrer dans un engrenage qui conduisait éventuellement à être considéré comme belligérant et à entraîner le continent, voire le monde, dans un conflit dont personne ne mesure ce que seraient les conséquences".

"Surenchère verbale qui ne repose sur rien"

Olivier Faure dénonce également les propos d'Emmanuel Macron qui a appelé les alliés de l'Ukraine à "ne pas être lâches" face à la Russie. "La France est un contributeur modeste pour l'effort de guerre ukrainien. C'est le 15ᵉ contributeur au niveau de l'Union européenne, derrière les Etats-Unis, derrière l'Allemagne, derrière tout le monde", rappelle le patron du PS. "Vouloir donner des leçons de courage en qualifiant ses partenaires de lâches alors même qu'on fait moins d'efforts que ses voisins, c'est quand même assez osé. Je reste mesuré."

Olivier Faure dénonce encore "une forme de surenchère verbale qui ne repose sur rien". "Quand vous annoncez que vous allez envoyer des troupes, encore faut-il les avoir et encore faut-il avoir l'onction de l'ensemble des partenaires. Ce qui n'est pas le cas." Si cela a "réveillé le débat médiatique", le patron du PS estime que cela a "surtout agacé l'ensemble des partenaires européens" mais également "nourri le discours de Vladimir Poutine qui maintenant peut assez facilement expliquer à son opinion publique qu'il y a un va-t’en guerre en France et que nous sommes l'Occident malfaisant, qui est exactement le narratif qu'il nourrit depuis ans".

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