: Vidéo Olivier Blanchard : "On a un choc totalement différent de la crise financière de 2008, et même de la crise de 1929."
Olivier Blanchard, ex-économiste en chef du Fonds monétaire international (FMI), était l'invité de :l'éco ce vendredi 15 mai 2020.
Pour Olivier Blanchard, ex-économiste en chef du Fonds monétaire international (FMI), la crise économique liée à la pandémie de Covid-19 est différente des précédentes. “Malheureusement l’histoire n’est pas très utile parce qu’on a un choc qui est totalement différent de la crise financière (de 2008), et même de la crise de 1929. On a un choc dû à une décision de politique sanitaire, qui était la bonne décision, qui était de fermer à peu près tout pendant un certain temps. On n’a jamais eu ça dans le passé.”
Olivier Blanchard se veut tout de même rassurant sur la reprise économique. “Par rapport à la crise financière, ou la Grande Dépression, je crois qu’on peut être beaucoup plus optimiste. Dans ces deux cas il a fallu beaucoup d’années avant qu’on ne retourne à une économie “normale”. Là je pense que ça peut être plus rapide, le normal ne sera pas exactement le même que dans le passé, mais par exemple si on prend l’augmentation du chômage, qui est terrible, je pense qu’on peut espérer une diminution du taux de chômage assez rapide. Pas au niveau où on était il y a quelques mois, mais à des niveaux acceptables, dans 6 mois ou 1 an. Ce qui est très différent de ce qui s’est passé en 1929, où il a fallu 10 ans avant qu’on y retourne.”
Durant cette crise, l’ex-économiste en chef du FMI évoque “une revanche des services publics”. “Quelque fois, l’État peut faire des choses que l’économie de marché ne peut pas. Ça montre que le rôle de l’État est très important.” Olivier Blanchard a notamment pris en exemple la différence entre “les résultats bien moins bons aux États-Unis, qui ont beaucoup de mal à gérer cette crise parce qu’ils ont une administration qui est faible, le rôle de l’État est beaucoup plus limité” et ceux de la France.
La mondialisation va-t-elle réellement changer ? “On avait réalisé avant la crise que ça créait des problèmes humains graves et qu’on avait probablement sous-estimés. Donc on était déjà en train de réfléchir à comment la modifier. Je pense qu’on va être plus attentifs aux applications de la mondialisation quand ça amène par exemple à un chômage important dans des catégories professionnelles. Mais je ne pense pas qu’on va faire demi-tour parce que les avantages de la mondialisation, le fait que beaucoup de produits sont très peu chers, font que même les consommateurs ne sont pas prêts à abandonner.”
Olivier Blanchard conclut : “Je pense que la crise va tout de même obliger les gens à réfléchir aux dangers auxquels on est confronté, et en particulier au réchauffement climatique. J’ai l’espoir que ça relancera un peu les politiques contre le réchauffement climatique, qu’il y aura un peu plus de soutien de la part de l’opinion pour se préparer à un danger qui est lointain, assez abstrait, mais dont on sait qu’il peut arriver et on a eu un exemple avec le virus. Il y a des choses qui peuvent arriver, il faut être plus prêts.”
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