Sophie Dulac : "Ce n'est pas seulement le cinéma qui est essentiel, la culture est fondamentale"

La 46e cérémonie des César a lieu ce soir, sans public, alors que le monde du cinéma traverse une période difficile, plongé dans l'incertitude. Distributrice, productrice et propriétaire de plusieurs salles de cinéma d'arts et d'essais à Paris, Sophie Dulac ne vit pas très bien cette période. "La culture dans ce pays semble sacrifiée par rapport à d'autres décisions du gouvernement. Aujourd'hui, on a aucune idée du moment où on va avoir une lueur de visibilité de réouverture. On ne sait rien et c'est très dur pour les gens qui travaillent dans le milieu du cinéma et pour le public." Mais elle se réjouit que cette cérémonie des César ait lieu : "Au moins on va remettre à l'ordre du jour le cinéma qui a été oublié depuis quelques temps et c'est important". Tout en espérant que "cela puisse être une tribune avec pourquoi pas une annonce de la ministre". Car le milieu est de plus en plus sous tension avec notamment des théâtres occupés par des intermittents du spectacle.

Sophie Dulac le répète : "Ce n'est pas seulement le cinéma qui est essentiel, la culture est fondamentale. C'est grâce à elle que les jeunes d'aujourd'hui pourront avoir leur libre arbitre." La productrice revient sur la polémique de la culture qui ne serait pas "essentielle" : "Cela a provoqué un véritable tsunami. On n'existe pas, on n'est rien alors qu'on a presque chaque année 220 millions de spectateurs dans les cinémas sans parler des théâtres et des musées." 

Malgré les incertitudes, elle se rassure en croyant au retour d'une partie de son public au cinéma : "Les spectateurs qui fréquentent mes salles sont plutôt des séniors. Ils sont très consommateurs de cinéma et ce ne sont pas des fous de plateformes. En revanche, sur le public plus jeune, cela va être plus compliqué." Mais ce qui inquiète particulièrement Sophie Dulac, ce sont les centaines de films en attente d'être diffusés. "300 films ! Et que faire des films qui sont sortis à la veille du premier confinement ? Ils n'ont eu aucune existence." Deux films distribués par Maison Dulac Cinéma sont nommés aux Césars, une lueur d'espoir. "Au moins, on existe à travers cette cérémonie qui est pour moi très importante." Avec une structure plus fragile que les grands groupes, Sophie Dulac se veut pourtant combattante : "On lâche rien et on fera tout ce qu'il faut pour continuer d'exister."