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Alexandre Andlauer sur les exportations russes : "Les revenus pétroliers sont 4 fois plus élevés que les revenus gaziers."

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: L'éco
Article rédigé par franceinfo - Grégory Vincens
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Alexandre Andlauer, analyste chez Kpler, était l’invité de Jean-Paul Chapel ce mercredi 30 mars.

Invité de Jean-Paul Chapel ce mercredi, Alexandre Andlauer, analyste chez Kpler, affirme que la hausse des prix du baril n’est sans doute pas finie du fait des perturbations sur les exportations russes. D’après lui, le seul moyen de rééquilibrer le marché du pétrole serait une baisse de la demande mondiale, cette dernière étant assez inélastique aux prix : "La demande ne sera pas impactée tant que les prix du pétrole sont sous les 150 dollars". Il estime que le prix du baril pourrait être bien supérieur pendant quelque temps en rappelant que les prix du gaz ont été multipliés par dix par rapport à l’année dernière en atteignant 300 dollars : "On peut très bien aller au-delà, on peut aller à 180, 200, on voit même des traders parler de 250". À 200 dollars le baril, les prix du carburant pourraient atteindre 3 euros par litre, explique-t-il.

Cette hausse des prix du baril est, selon l’analyste de Kpler, soutenue par les remises sur les carburants mises en place par les gouvernements notamment allemands, espagnols et français qui alimentent la demande. Les hausses sont plus marquées pour le diesel, car la Russie dispose de raffineries plutôt orientées vers le gazole, souligne-t-il. Toutefois, celles-ci ne datent pas de la guerre en Ukraine qui a néanmoins fait fortement augmenter les prix. Elles sont notamment le résultat des manques d’investissement dans le secteur pétrolier depuis la baisse des prix en 2015 : "On commence à payer ce manque d’investissement qui va malheureusement pas changer dans les deux trois prochaines années" explique Alexandre Andlauer. Il poursuit : "Dès lors qu’on investit dans le pétrole, les premiers barils sortent de terre dans 4 ans".

Alexandre Andlauer pense qu’il est possible de se passer du pétrole russe plus facilement que le gaz, mais que cela aura un coût : "Avec un coût du transport plus élevé, et évidemment un coût du pétrole qui va être plus élevé". Se passer du pétrole russe aurait d’ailleurs selon lui un impact plus important que le gaz sur la Russie : "Les revenus pétroliers sont 4 fois plus élevés que les revenus gaziers". Une solution qu’il rapporte de certains traders serait donc de taxer tous les acheteurs de pétrole russe pour limiter la hausse des prix du pétrole, cette hausse constituant des ressources pour les finances publiques russes.

Pour compenser ce pétrole russe, il y aurait peu d’alternatives, ce qui laisserait présager des prix encore hauts pour quelque temps : "Les capacités disponibles sont extrêmement basses aujourd’hui, dans le monde entier (…) il n’y a que l’Arabie Saoudite, le Koweït et dans une moindre mesure les Émirats arabes unis qui peuvent compenser". Avec les baisses des exportations russes de 3 millions, il prévoit que cela ne serait pas suffisant. Il n’y aurait d’ailleurs selon lui pas grand-chose à attendre de la réunion de l’OPEP d’aujourd’hui, affirmant que celle de fin du mois d’avril aura sans doute plus d’importance : "Les baisses d’exportation russes, ça fait que dix jours qu’elles ont lieu (…), c’est au mois d’avril que ça va faire mal"

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