: Vidéo Pierre Rondeau sur l'économie du football : "Si on ne change pas le modèle, en 2024 on peut de nouveau avoir des transferts à 100, 150 ou 200 millions d’euros"

Pierre Rondeau, économiste, co-directeur de l’Observatoire du sport à la fondation Jean Jaurès, évoque la reprise du sport : “Ça a démarré avec des mesures sanitaires extrêmement strictes, on maintient une distance de sécurité entre chaque sportif. Les salles de sport fermées, couvertes, pourront rouvrir pour les sportifs de haut-niveau. Pour les sportifs amateurs ça reste très compliqué, mais pour les professionnels, pour l’instant, les entraînements individuels sont de nouveau autorisés.”

Pierre Rondeau est revenu sur l’arrêt du championnat français de football et ses conséquences financières : “Jean-Michel Aulas (président de l’Olympique lyonnais) s’oppose à l’arrêt définitif du championnat de France pour la saison 2019-2020 alors que tous les autres championnats européens, mis à part le championnat des Pays-bas, n’ont pas encore pris la décision d’arrêter. Jean-Michel Aulas alerte sur un effet de concurrence, que nous, Français, on perd de l’argent du fait de l’arrêt mais qu’en plus on perd en compétitivité sportive et économique du fait de la reprise des championnats européens. Lui chiffrerait ce coût à plus de 900 millions d’euros. On a différentes estimations qui pourraient aller de 383 millions d'euros de coût sur un arrêt définitif de la Ligue 1 française à 900 millions d’euros d’après Jean-Michel Aulas.”

Si la valeur des joueurs sur le marché des transferts tend à une diminution, Pierre Rondeau estime que le modèle économique du football pourrait repartir comme avant, une fois la crise passée. “Dès lors qu’un vaccin, ou un remède, contre le coronavirus sera trouvé, on peut imaginer que tout reparte de plus belle. Peut-être qu’en 2025, 2026, de nouveau, les gens iront au stade, acheter des abonnements à la télévision, des maillots et les clubs pourront récolter des millions d’euros. Actuellement, le club le plus riche du monde, le FC Barcelone perd 5 millions de dollars par jour. Mais lorsqu’elle sera terminée, on laissera le temps de la réadaptation pendant une ou deux saisons, mais si on ne change pas le modèle, en 2024 on peut de nouveau avoir des transferts à 100, 150 ou 200 millions d’euros.”

Pierre Rondeau a évoqué la situation du sport amtateur. “Le sport amateur vit en grande partie sur le prix des licences des pratiquants. 42% des 6 milliards d’euros du chiffre d’affaires du sport amateur en France sont amenés par ce paiement de licences. Le sport amateur pourrait potentiellement perdre beaucoup d’argent, ce qui mettrait à mal la comptabilité et les finances des fédérations. Des activités comme le judo, le rugby, le football, qui sont des sports de contact, pourraient faire peur aux parents, aux pratiquants et les désinciter à s’inscrire, à payer une licence et apporter de l’argent à la fédération. Inversement des activités individuelles, sans contact, pourraient bénéficier de la crise pour voir une augmentation du nombre de licenciés.”