: Vidéo Christian Chavagneux : "Les escrocs sont tous des pervers narcissiques"

Comment définir une escroquerie ? "Ce sont des gens qui arrivent à vous faire croire à un crédit imaginaire à partir d’espérances complétement chimériques. Christophe Rocancourt, notre escroc national, dit : "Ce sont des braqueurs de cerveau." Je trouve que c’est une belle définition", répond Christian Chavagneux, auteur du livre « Les plus belles histoires de l’escroquerie ».

Qu’est-ce qu’une belle histoire d’escroquerie ? "C’est une histoire qui dure longtemps et qui arrive à faire croire à des gens, à priori très intelligents, des histoires complètement fausses, un monde inventé. On dit que les escrocs sont les aristocrates des voleurs, parce qu’ils ne vous volent pas votre argent. Vous venez leur apporter votre argent avec le sourire."

Christian Chavagneux est revenu sur quelques escrocs célèbres. Bernard Madoff, qui "faisait croire à tout le monde qu’ils étaient des investisseurs privilégiés" avec des "rendements de 10 à 12%" ou encore l'affaire du collier de la reine dans laquelle Jeanne de Valois a escroqué le cardinal de Rohan, qui souhaitait devenir Premier ministre sous Louis XVI.

Tous ces escrocs ont des points communs. "Il y a un point structurel, on ne peut vraiment les comprendre que si on comprend la façon dont l’économie fonctionne à ce moment-là. Et ce sont tous des pervers narcissiques. Ils ont eu une fêlure dans l’enfance extrêmement forte. Ils développent un instinct de prédation pour prendre ce qu’on ne leur a pas donné. Ils sont tous pareils", explique Christian Chavagneux.

Egalement spécialiste des paradis fiscaux, il qualifie la liste française des paradis fiscaux de "bidon". "Elle n’a absolument aucune efficacité. Il y a trop d’imbroglios, de pressions politiques. Les grands paradis fiscaux n’y sont pas, déplore-t-il. Il faut un accord international, ce qui est en train d’être négocié aujourd’hui au niveau de l’OCDE. Pour savoir comment mieux taxer les pratiques douteuses des multinationales, qui essayent d’échapper à l’impôt", estime Christian Chavigneux, qui souligne déjà "l’échange automatique d’informations".

"Si vous ouvrez un compte en Suisse, le fisc français sera informé que vous avez ouvert un compte, réalisé telles transactions. Cela contribue à remettre en cause le secret bancaire. Il reste à tacler les multinationales, la négociation est en cours." 

L’interview s’est achevée en chanson avec « It’s Only a Paper Moon », interprété par Nat King Cole.