Hélène Miard-Delacroix (CIERA) : "Le modèle sur l’exportation est à la fois le moteur de l’Allemagne et son talon d’Achille"
Hélène Miard-Delacroix, présidente du Centre Interdisciplinaire d’Etudes et de Recherches sur l’Allemagne (CIERA), est l’invitée de Jean-Paul Chapel dans la matinale de France Info.
Les élections législatives en Allemagne ont bousculé le rapport de force de son parlement. Les sociaux-démocrates SPD d’Olaf Scholz (25,7 %) devancent les conservateurs du CDU d’Armin Laschet (24,1 %), parti de la chancelière Angela Merkel. Suivent ensuite les Verts (14,8 %) et le parti libéral FDP (11,5 %). Pour Hélène Miard-Delacroix, présidente du CIERA et invitée de Jean-Paul Chapel, cela pourrait marquer un changement de politique économique : "On peut miser sur des dépenses publiques, sur une hausse d’impôts pour les riches et une redistribution vers plus de pouvoir d’achat pour les retraités et les salariés."
La condition pour mettre en œuvre ces changements : composer une coalition. Le "feu tricolore" est le scénario qui allierait le SPD rouge, le FDP jaune et les Verts. Cependant, les politiques divergents entre ces partis. "Les libéraux misent plus sur des incitations aux entreprises pour être plus propres et pour être plus conformes aux objectifs du climat," décrypte Hélène Miard-Delacroix. "Les Verts auraient plutôt tendance, avec les sociaux-démocrates, à aller par des taxes." De nombreuses divergences qui rendent la formation d’une coalition complexe. La transition énergétique, notamment par rapport à la sortie du charbon, est une autre problématique controversée.
Le prochain gouvernement devra également plancher sur le vieillissement de la population ou la dépendance du pays vis-à-vis des exportations. "Le modèle sur l’exportation est à la fois le moteur de cette économie et son talon d’Achille," explique la présidente du CIERA. Selon elle, le pays est dépendant de "la disposition des pays étrangers à continuer à acheter des produits allemands. En particulier, avoir misé sur le marché chinois est un peu incertain pour l’avenir. Cela fragilise l’Allemagne qui peut se trouver en situation d’être prise en otage et de ne pas garder une marge d’action, notamment en politique étrangère, qui pourrait correspondre à sa morale ou à ses principes."
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