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Elise Huillery (professeur d'économie) : "Les 18-24 ans sont les seuls à être exclus du régime actuel, ils n'ont pas le droit au RSA"

Publié Mis à jour
Durée de la vidéo : 6 min
: L'éco
Article rédigé par franceinfo - Aurore Briffod
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Elise Huillery, professeur d'économie à l'université Paris-Dauphine, est l'invitée de Jean-Paul Chapel dans la matinale de France Info. 

Elise Huillery souhaite qu'un revenu de base pour les jeunes les plus défavorisés soit mis en place. "Les jeunes sont les seuls à être exclus du régime normal : les 18-24 ans n'ont pas le droit au RSA." Elle souhaite que les plus défavorisés puissent en bénéficier en priorité. "Les jeunes aujourd'hui dépendent de la solidarité familiale mais quand la famille n'a pas de revenu, cela n'a pas de sens. Par définition, des parents qui gagnent des salaires relativement bas ne peuvent pas aider un jeune à s'installer dans la vie, à poursuivre des études dans une ville qui nécessite de payer un logement étudiant ou dans une ville loin du logement familial." Il existe des bourses mais Elise Huillery estime "qu'elles ne sont pas très élevées et pas suffisantes pour poursuivre des études dans de bonnes conditions". 

Cependant, un outil spécifiquement dédié aux plus jeunes existe : la "Garantie jeune" à hauteur de 500 euros par mois. "C'est un accompagnement assez intensif pour des jeunes pendant un an et destiné pour ceux qui sont sans formation et sans emploi. Une catégorie de jeunes qui ont besoin d'être accompagnés." Actuellement, 100 000 jeunes bénéficient de cet outil, le gouvernement prévoie de doubler ce nombre. Pour la professeur d'économie, ce n'est pas suffisant car "cela ne touchera jamais des étudiants et les jeunes qui ont un projet mais qui n'ont pas encore trouvé d'emploi".

Les jeunes défavorisés représentent un tiers des 18-24 ans. Ce revenu de base coûterait "entre 6 et 7 milliards d'euros par an si le RSA jeunes s'applique aux étudiants, aux jeunes sans emploi ni formation mais aussi à ceux qui travaillent mais qui sont pauvres". Pour financer cette mesure, "on pourrait rétablir l'ISF, restituer une progressivité de l'impôt plus importante sur les hauts revenus ou encore augmenter l'impôt sur les successions".

Plutôt qu'un revenu de base uniquement destiné aux jeunes les plus défavorisés, ne faudrait-il pas privilégier un revenu universel ? "Le Danemark l'a fait. Tous les jeunes, quelles que soient les ressources de la famille, ont droit à un revenu. En France, d'un point de vue budgétaire et politique, il semble plus réaliste de d'abord essayer de faire un revenu pour les jeunes qui en ont vraiment besoin. S'il s'avère - et c'est ce qu'on souhaite - qu'il y a des effets positifs, on pourra alors débattre pour étendre ce revenu à tous les jeunes." 

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