Cécile Duflot (directrice générale d'Oxfam France) : "La crise a accentué les inégalités dans le monde"

L'organisation non-gouvernementale Oxfam France publie un rapport sur les inégalités pendant la crise. "Depuis 20 ans, les inégalités dans le monde augmentent dans 7 pays sur 10 et la crise a accentué cette situation."

Cécile Duflot, directrice générale, revient sur l'un des constats marquants du rapport. "Les 110 milliardaires ont mis neuf mois pour récupérer leurs richesses d'avant-crise alors qu'une grande partie de la population mondiale est fragilisée notamment les plus pauvres." Elle note le caractère "inégal" de cette crise, "très violente pour certains alors que d'autres se sont enrichis" en prenant l'exemple de Jeff Bezos, patron de la firme américaine Amazon. Oxfam dénonce "la concentration de richesses entre les mains de quelques-uns" rendue possible, selon eux, par la Banque centrale européenne et le rachat d'actifs qui ont maintenu des cours très élevés. "Cette situation-là est le résultat de choix politiques et fiscaux."

Au-delà du constat, l'organisation non-gouvernementale pointe du doigt les conséquences de cette aggravation des inégalités : "Cette richesse extrême provoque une tension sociale très grande." En France, malgré des filets de sécurité tel que le chômage partiel, la directrice d'Oxfam France rapporte "qu'une grande partie de la population passe au travers, notamment les indépendants et les jeunes". Les femmes aussi sont plus durement touchées par les inégalités car "c'est elles qui sont majoritairement en situation de travail précaire, en intérim ou qui ont à charge les enfants au sein des familles monoparentales". 

Cécile Duflot plaide pour le retour d'une fiscalité permettant la redistribution. Une fiscalité "qui laisserait des riches très riches mais qui éviterait qu'une partie de la population ne sombre dans la pauvreté voire l'extrême-pauvreté". Pour faire écho au contexte actuel, elle indique : "Une société plus égalitaire est une société où tout le monde est en meilleure santé, les plus riches inclus."