: Vidéo François Villeroy de Galhau : “ L’économie française, en période de confinement, tourne aux deux tiers de sa vitesse habituelle”
François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, était l'invité de :l'éco ce jeudi 9 avril 2020.
François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, dresse “la photographie des effets du confinement sur l’économie française”. “Nous avons interrogé des milliers d’entreprises dans toutes les régions, dans tous les secteurs. Le confinement entraîne une perte d’activité d’à peu près un tiers, moins 32%. L’économie française, en période de confinement, tourne aux deux tiers de sa vitesse habituelle. Bien sûr que ça veut dire une récession. C’est une perte d’activité très significative.”
Le gouverneur de la Banque de France est revenu sur “l’importance du chômage partiel”. “L’objectif c’est de sauver le maximum d’entreprises, d’emplois, et de revenus des salariés. On a un bouclier de trésorerie qui est apporté pour les entreprises et leurs salariés. Aux États-Unis ce bouclier n’existe pas. Ils ont eu 10 millions de chômeurs supplémentaires en quinze jours. Nous nous voyons pas ça en France, nous ne le verrons pas. L’idée est que, quand on sortira de ce confinement, progressivement, les entreprises puissent repartir rapidement. Nous aurons préservé nos capacités de production.”
Pourra-t-on rembourser cette dette ? “C’est trop tôt pour donner des chiffres globaux. En fonction de la durée, l’addition budgétaire sera plus ou moins lourde. Mais de toute façon, elle pèsera, c’est sûr. Quinze jours de confinement, ça coûte à la croissance 1,5 point de PIB annuel et ça coûte en déficit plus de 1 point de PIB supplémentaire, c’est à dire plus de 20 milliards par quinze jours de confinement. Il faudra rembourser ces dettes, ce sera dans la durée. Nous devrons faire un effort budgétaire avec des dépenses plus sélectives. Cet effort sera aidé par des taux d’intérêt qui vont rester très bas et par l’action de la Banque centrale européenne (BCE), qui fournit aujourd’hui des liquidités pour permettre de payer ces dettes. Tous les gouvernement européens font la même chose, il faut faire cet effort de solidarité économique pour préserver les entreprises, les emplois, au maximum les revenus des salariés. C’est la solidarité, mais aussi notre intérêt pour pouvoir repartir ensuite.”
François Villeroy de Galhau est revenu sur l’inflation qui “est aujourd'hui très faible”. “Sur le mois de mars, elle est de 0,6% en France, elle a baissé, et de 0,7% dans la moyenne de la zone euro. Du point de vue de la BCE, ça justifie d’avoir des taux d’intérêt très bas et d’apporter des liquidités. Nous avons un mandat, c’est de viser une inflation en moyenne à 2%. Quand on est en-dessous, il y a une marge de manoeuvre pour apporter ces liquidités. Mais ça ne veut pas dire que les dettes disparaissent. Elles sont étalées dans le temps. Nous devrons rembourser ces dettes publiques, quand la croissance sera revenue, quand nous travaillerons, quand nous recommencerons à créer des emplois, comme la France l’avait fait depuis quatre ans. La France avait créé un million d’emplois. Il faudra que nous reprenions le fil de cette histoire.”
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