Laurent Berger (CFDT) : "Le doublement de la durée du congé paternité est un progrès social"
Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, publie le livre Sortir de la crise, Agir vite et penser loin. Il est l’invité de Jean-Paul Chapel dans ":l’éco".
Invité à réagir sur la modification de la durée du congé maternité, qui passe de 14 à 28 jours à partir de juillet 2021, Laurent Berger considère que c’est avant tout un progrès social. "Le doublement de cette durée permet d’avoir ce temps d’accueil de l’enfant pour le deuxième parent. Nous le demandions depuis longtemps à la CFDT, nous sommes même favorables à ce qu’il soit plus long." Il souligne l’importante évolution de la durée de ce congé, qui était pendant longtemps limité au simple congé de naissance, d’une durée de 3 jours.
Concernant les plans sociaux, tel que celui de l’usine de Bridgestone de Béthune, Laurent Berger réclame des conditionnalités aux aides publiques versées aux entreprises. "Il faut que l’on s’interroge pour que la puissance publique et les acteurs syndicaux puissent s’opposer à ce type de plan. Quand une entreprise a bénéficié d’aides publiques, il faut qu’elle rende des comptes sur la façon dont elle gère l’emploi. Bridgestone organise la fuite de son activité de Béthune vers d’autres sites low cost, ce qui était visible en observant l’évolution de pneus produits. Il va falloir être plus exigeant envers les entreprises qui reçoivent des aides."
Pour ce qui est du télétravail dont un accord pour négocier a été trouvé entre le patronat et les syndicats, le secrétaire général de la CFDT veut mieux encadré ses règles. "Le télétravail s’est développé massivement durant le confinement, mais de façon anarchique. Il faut répondre aux risques et questions soulevés par le télétravail : Il faut qu’il soit sur la base du volontariat, qu’on puisse revenir à du présentiel, et que le télétravailleur dispose d’un bon matériel. L’objectif de cette négociation est mieux répondre à ces risques, et de mieux définir les garanties aux offertes aux salariés."
Laurent Berger a également expliqué les évolutions provoquées par l’épidémie sur les syndicats : "Au-delà de nos vies, l’épidémie a transformé le combat syndical. Les salariés ont besoin de réponses concrètes. Depuis hier jusqu’à demain soir, on a ouvert partout en France des points éphémères pour se rendre utile auprès des salariés, qui s’appellent "réponses à emporter" pour répondre aux problèmes des salariés. Le syndicaliste doit encore plus qu’avant prouver son utilité au salariés".
Enfin, il a été question de la sortie du livre Sortir de la crise : agir vite, penser loin. Un livre qui se veut à la fois pragmatique et idéaliste. "Je crois qu’il faut regarder la réalité en face, qu’elle nous plaise ou non et qu’on trouve les réponses. Il faut pour cela une dose de pragmatisme en répondant aux situations concrètes. Mais on ne peut pas considérer que le monde d’aujourd’hui nous satisfasse, et il faut penser un autre modèle de société et de développement. Le rôle d’un syndicaliste est de répondre à la réalité concrète vécue par les travailleurs, mais c’est aussi d’inventer le monde d’après."
L’entretien s’est achevé avec "Si la vie avance" du groupe Boulevard des Airs.
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