Vidéo En 1997, un rapport précurseur qui alertait sur les dangers du diesel a été enterré

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En 1997, un rapport précurseur qui alertait sur les dangers du diesel a été enterré
En 1997, un rapport précurseur qui alertait sur les dangers du diesel a été enterré En 1997, un rapport précurseur qui alertait sur les dangers du diesel a été enterré (ENVOYÉ SPÉCIAL / FRANCE 2)
Article rédigé par France 2
France Télévisions
Dans les années 1990, les constructeurs automobiles poussaient les Français à l'achat de voitures diesel, l'Etat renchérissant à coups de primes et de bonus. Mais lorsque leurs spots publicitaires vantaient performances et faible consommation, les dangers de ce carburant étaient déjà connus… "Envoyé spécial" a pu consulter un rapport du CNRS datant de 1997 qui les détaille. Pourquoi n'a-t-il jamais été rendu public ?

Bientôt, pour respecter la réglementation européenne sur la qualité de l'air, les zones à faible émission (ZFE) leur interdiront de rouler en ville. Si les voitures diesel n'ont plus la cote, c'est à cause des nombreux polluants que rejette le gasoil. Selon Santé publique France, les particules fines sont responsables de 40 000 décès en France chaque année.

À l'Institut de France, une équipe d'"Envoyé spécial" a rendez-vous avec une spécialiste des nanoparticules, la physicienne Catherine Bréchignac qui dirigeait le CNRS à la fin des années 1990. En 1997, peu avant que débute la cohabitation Chirac-Jospin, elle reçoit un rapport intitulé "Diesel et santé". Alarmant, il dénonce les effets toxiques des particules fines émises par ce carburant. Le document est remis au ministère de la Recherche pour être transmis au gouvernement... Pourtant, il n'a jamais été publié. "C'est dommage", regrette Catherine Bréchignac, qui affirme : "On nous a demandé de ne pas le diffuser au grand public." Une décision politique ? 

Des effets respiratoires et cardiovasculaires

Il y a vingt-six ans de cela, ce rapport précurseur décrivait déjà l'impact des particules diesel sur la santé. Dans le chapitre consacré à l'asthme, on lit que "la responsabilité des particules en suspension dans la survenue de nombreux effets toxiques peut être considérée comme établie". Plus grave, que "des effets à court terme ont été mis en évidence concernant la mortalité quotidienne pour causes respiratoires". "Lors des pics de pollution urbaine, la mortalité cardiovasculaire augmente", alerte-t-il.

Un lien entre particules diesel et cancer du poumon

Enfin, tout en restant prudents, les auteurs évoquent un lien entre particules diesel et cancer du poumon. "De nombreuses études épidémiologiques suggèrent qu'une exposition à long terme chez des populations exposées pourrait participer, certes faiblement, à la cancérogénèse." 

Pourtant, en 1997, ni les constructeurs, à qui ce rapport a été transmis, ni le gouvernement français n'ont jugé utile d'arrêter la course au diesel. "Envoyé spécial" aurait voulu questionner les représentants de la filière automobile sur les raisons de la diésélisation du parc automobile français... mais aucun n'a souhaité apporter de réponse.

Extrait de "Les damnés du diesel", un reportage à voir dans "Envoyé spécial" le 5 octobre 2023.

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