: Vidéo Alep : au cœur de la guerre

En novembre 2016, les bombardements s'intensifient sur Alep-Est, le quartier emblématique de la résistance à Bachar Al-Assad. Le pouvoir est en passe de reprendre le contrôle de la ville. Pour étouffer la rébellion, l'armée gouvernementale a rétabli le siège : personne ne peut ni entrer ni sortir, il n'y a plus d'eau courante. La situation des habitants, pris au piège, devient extrêmement critique. Selon l'ONU, ils sont 250 000 civils assiégés. Parmi eux, 100 000 enfants qui auront, au mieux, beaucoup de mal à oublier la peur. 

Trois civils opposants au régime ont accepté de filmer pour "Envoyé spécial" la vie quotidienne sous les bombes, parfois au péril de leur vie. Ahmed s'est improvisé cameraman, son appareil photo en guise d'arme pour éveiller les consciences. Il a été blessé à la jambe, une jambe qu'il n'est pas sûr de sauver. Terré chez lui, il ne peut pas se rendre, par peur des représailles.

On parle de 50 morts par jour

Fatma, elle, survit en ramassant du bois dans le cimetière de la ville pour se chauffer, elle et sa famille. Bien qu'elle manque de tout, rien ne la fera partir. Au sous-sol d'un immeuble anonyme, un ancien commerçant a créé un orphelinat. Omar, 13 ans, raconte comment il a été blessé par une roquette.

Depuis la fin du mois de novembre, des témoins sur place parlent de 50 morts par jour. Dix-huit mille civils ont fui, ceux qui se rendent risqueraient la prison ou la mort. Le dernier hôpital d'Alep a été détruit. Seules subsistent quelques salles d'opération précaires, surpeuplées, où les antibiotiques et la morphine ont disparu des étagères. Les jours d'Alep-Est la rebelle semblent comptés.

Un reportage de Wandrille Lanos et Marielle Krouk, diffusé dans "Envoyé spécial" le 1er décembre 2016.