: Vidéo Un CDI avec lettre de démission anticipée : les petits arrangements avec les contrats de travail d'un magasin Leclerc
La journaliste de "Complément d'enquête" est accueillie par la responsable des caisses. Elle explique avoir travaillé un an et être à la recherche d'un CDD de trois mois, en attendant de commencer ses études. Mais apparemment, ici, ça n'existe pas : "On n'a que des CDI, pas de CDD", lui est-il répondu.
A sa grande surprise, un CDI lui est donc proposé, mais cette offre est accompagnée d’une étonnante demande : elle doit "faire une lettre de démission stipulant que suite à la reprise de [ses] études, [elle est] en droit de démissionner au 16 septembre". Alors que l'entrevue a lieu au mois de juin, il lui est donc demandé de rédiger à l'avance une lettre de démission datée du 16 août... Et la responsable va même la lui dicter.
Un procédé parfaitement illégal
Selon cette responsable de Leclerc, "ça ne change rien" pour la signataire. Sauf que… la future caissière va vite comprendre que le magasin s’apprêterait à faire des économies sur son dos. Et c'est le directeur en personne qui le lui explique, au moment de signer son contrat.
"Est-ce bien normal de signer une lettre de démission en même temps que le contrat ?" s'enquiert la nouvelle recrue. "Non", répond tranquillement le directeur, avant de donner les précisions suivantes : "Un CDD, il est taxé de façon très importante pour l'employeur. Et tout ça pour quoi ? Pour éviter de faire des CDD, justement, et plutôt embaucher en CDI. (...) Pour le salarié, ça change beaucoup de choses. Dans un CDD, vous touchez une indemnité de précarité de 10% supplémentaire, et vous touchez 10% supplémentaires pour les congés payés." Des avantages dont la nouvelle hôtesse de caisse serait donc privée en signant un CDI.
Un manque à gagner de 140 euros brut par mois pour le salarié
D'après les calculs de "Complément d'enquête", ce tour de passe-passe représenterait un manque à gagner d'environ 140 euros brut par mois – l'équivalent de 7% du salaire de la nouvelle caissière. Sans compter qu'en acceptant ce CDI avec lettre de démission, dans son cas de figure, elle perdrait au passage ses droits au chômage pendant au moins quatre mois. Ce genre d'arrangement avec les contrats de travail serait courant dans l'établissement : la salariée que notre journaliste croise en sortant du bureau lui confirme qu'elle est soumise au même régime.
Extrait de "Prix cassés, coups de pression : révélations sur le système Leclerc", un document à voir dans "Complément d'enquête".
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