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Vidéo Bordeaux coupé à l’eau, fonds de cuve "rebaptisés"… un maître de chai témoigne dans "Complément d’enquête"

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Bordeaux coupé à l’eau, fonds de cuve vendus "sous l’appellation qui nous arrange"… un  maître de chais témoigne dans "Complément d’enquête"
Bordeaux coupé à l’eau, fonds de cuve vendus "sous l’appellation qui nous arrange"… un maître de chais témoigne dans "Complément d’enquête" Bordeaux coupé à l’eau, fonds de cuve vendus "sous l’appellation qui nous arrange"… un maître de chais témoigne dans "Complément d’enquête" (COMPLÉMENT D'ENQUÊTE/FRANCE 2)
S'il existe au rayon des vins une valeur sûre, plébiscitée par le consommateur, c'est bien le bordeaux. Mais depuis une quinzaine d'années, le vignoble le plus célèbre du monde voit son image entachée par des fraudes de plus en plus nombreuses. Dans "Complément d'enquête", voici un témoignage rare : celui d'un maître de chai qui avoue mettre de l'eau dans son vin du Médoc.

Sa parole détonne dans un monde feutré, connu pour sa discrétion. Ce maître de chai est conscient que "la profession risque de ne pas apprécier [s]a démarche", mais il tient à "informer les consommateurs pour qu'ils aient un autre regard" sur le "très fermé" milieu viticole. Si celui que nous appellerons Marcel a accepté d'apporter son témoignage sur certaines pratiques œnologiques non autorisées, c'est parce qu'il est en fin de carrière. Quelque part dans le Médoc, près de Bordeaux, il a fixé un rendez-vous clandestin aux journalistes de Complément d'enquête". Vous ne verrez pas son visage.

"Si on ne triche pas, le vin, il ne va pas se vendre"

Au moment où cette interview a été tournée, les vendanges venaient de se terminer. Et cette année encore, la météo a été caniculaire dans les vignes. Si l'ensoleillement est trop fort, le raisin est trop sucré, et le taux d'alcool grimpe en flèche. "Aujourd'hui, explique Marcel, on rentre de la vendange qui est en surmaturité. On atteint du 16, du 17 degrés. A 17 degrés, ce n'est plus du vin. Un vin, c'est 14,5."

Face à ce problème, poursuit-il, "on n'a pas trente-six solutions : la seule qu'on connaisse, c'est le mouillage, c'est-à-dire l'ajout d'eau pendant la fermentation alcoolique". En France, cette pratique est interdite et assimilée à une fraude. 

Pour le mouillage, détaille Marcel, le mieux, c'est de disposer d'un puits dont l'eau est potable, pour éviter d'utiliser celle du réseau, chlorée. Ensuite, il suffit de pomper la quantité d'eau à ajouter pour faire baisser le degré d'alcool du vin en fermentation. "Si on ne triche pas, justifie-t-il, le vin, il ne va pas se vendre… la boîte, elle ferme." D'autant qu'en rajoutant de l'eau, on obtient un volume plus important, donc davantage de bouteilles à vendre, et au final plus de profit…

"On accommode les restes, on ne jette rien"

Du bordeaux coupé à l'eau… et à la fin, pas question de jeter les fonds de cuve. A l'abri des regards, Marcel mélange les restes de ses différents vins pour obtenir quelques centaines de bouteilles en plus. Le résultat, dit "rebaptisé", sera vendu "sous l'appellation qui nous arrange, sous le nom de château qui nous arrange aussi. On accommode les restes, on ne jette rien"...

Extrait de "Bordeaux, champagne : quand les escrocs s’attaquent à nos bouteilles !", un document à voir dans "Complément d'enquête" le 14 décembre 2023.

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