Vidéo Seconde Guerre mondiale : les carnets de la résistante Rose Valland ont sauvé des milliers d'œuvres d'art spoliées sous l'occupation allemande

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Seconde Guerre mondiale : les carnets de la résistante Rose Valland ont sauvé des milliers d'œuvres d'art spoliées sous l'occupation allemande
Seconde Guerre mondiale : les carnets de la résistante Rose Valland ont sauvé des milliers d'œuvres d'art spoliées sous l'occupation allemande Seconde Guerre mondiale : les carnets de la résistante Rose Valland ont sauvé des milliers d'œuvres d'art spoliées sous l'occupation allemande ("13h15 le samedi"/ France 2)
Article rédigé par France 2
France Télévisions
Armée d'un crayon et d'un carnet, Rose Valland a résisté aux nazis en récupérant 60 000 œuvres d'art volées pendant l'Occupation. Avant même la fin de la guerre, elle a empêché un convoi rempli de tableaux de rejoindre l'Allemagne.

La résistante Rose Valland a permis de retrouver et de sauver plus de 60 000 œuvres d’art volées par les nazis aux familles juives et aux institutions publiques françaises. A la fin de la guerre, grâce à ses notes et aidée par le réseau Résistance-Fer, composé de cheminots, elle réussira même à stopper un train chargé de tableaux spoliés que les Allemands comptaient emporter dans leur fuite.

En 1940, les nazis à peine installés à Paris s’emparent de milliers de tableaux de collectionneurs juifs et les stockent au musée du Jeu de paume. Rose Valland, alors attachée de conservation, va espionner et répertorier minutieusement les déplacements de ces tableaux, au péril de sa vie. Certains sont réservés pour les collections personnelles d’Hitler et de Goering et envoyés directement en Allemagne et en Autriche. Les tableaux modernes sont, quant à eux, considérés comme de l’art "dégénéré" et brûlés dans le jardin du musée.

148 caisses de tableaux à destination de l'Allemagne

En août 1944, les événements s’accélèrent. Avant l’arrivée des alliés à Paris, les Allemands déménagent le plus vite possible les œuvres qui restent au sein du Jeu de paume. Le 2 août, Rose Valland voit 148 caisses de tableaux modernes quitter le musée. Elle indique dans son carnet : "Ils remplissent quatre wagons entiers qui doivent partir pour Nikolsburg", en actuelle République tchèque.

Lorsqu’elle apprend, dix jours plus tard, que les wagons sont restés à quai à Paris, elle tente le tout pour le tout et transmet à Jacques Jaujard, directeur des Musées nationaux et engagé dans la Résistance, les numéros des wagons qu’elle a relevés sur les bordereaux d’expédition.

Selon l’expert en objets historiques Pascal Lecomte, la précision des indications de Rose Valland sera déterminante pour freiner l’avancée du convoi : "Ces informations sont capitales, elles vont permettre de prévenir le réseau Résistance-Fer que ce train ne doit en aucun cas arriver à sa destination finale. Il y a 300 000 cheminots, beaucoup font le nécessaire, surtout en ce mois d’août 1944, pour faire en sorte que les trains n’arrivent plus à destination."

Le fils du collectionneur libère les œuvres de son père

Les Allemands réussissent finalement à faire partir le train avant l’arrivée des alliés, mais des pannes provoquées par les cheminots vont ralentir son trajet. Il sera définitivement arrêté à la gare d’Aulnay. Lorsque Paris est libéré, l'armée allemande se retire vers l’est et la gare d’Aulnay est désertée. A compter du 24 août, les wagons sont abandonnés sur une voie de triage jusqu’à l’arrivée, quelques jours plus tard, de la 2e division blindée. Dans ses rangs, un jeune lieutenant, Alexandre Rosenberg, à qui ces peintures ne sont pas inconnues. Dans un entretien audio, Rose Valland a raconté la fin heureuse de sa mission : "Il arriva ce que je considère comme un des miracles les plus extraordinaires de cette histoire, c’est que celui qui fut chargé par la division Leclerc de prendre livraison de ce train, de le stopper définitivement, était justement le fils du collectionneur Paul Rosenberg, dont une partie des tableaux se trouvaient dans ce fameux train que nous avions essayé de retenir."

Grâce au courage de Rose Valland, 29 tableaux de Georges Braque, 4 Degas, 11 Vlaminck, 64 Picasso, mais aussi des œuvres de Cézanne, Gauguin, Modigliani, Renoir... reviennent à Paris avant même la fin de la guerre. La résistante terminera son précieux carnet par cette dernière note : "Les wagons nous restent avec les 148 caisses d’œuvres d’art."

Extrait de "Une espionne au musée", diffusé dans "13h15 le samedi" le 22 juin 2024.

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