Reconversion : de la banque à la maison de retraite
Sa vie a basculé du jour au lendemain. Carine Beaufils était banquière lorsqu'une rencontre l'a décidée à une reconversion pour le moins inattendue. Elle a changé de métier et gagne moins bien sa vie. Mais pour elle, le profit est ailleurs.
L'ambiance est détendue, et les volontaires ne manquent pas ce jour-la pour l'atelier gym douce. Si ces résidents viennent pour entretenir leurs réflexes, c'est surtout Carine Beaufils qu'ils veulent voir.
Tout le monde est prêt.
Tour a tour acrobate, chanteuse, danseuse, imaginer cette animatrice derrière un guichet de banque est difficile.
Vous allez faire des exercices qui vous permettront cet été de rentrer dans vos maillots de bains deux-pièces.
Cette ancienne conseillère de 32 ans s'épanouit au contact des cheveux gris, un public de seniors qui lui est acquis. Elle a bousculé ses a priori sur le grand âge.
Ils me faisaient peur. Je pensais qu'ils ne sentaient pas bon, et que ce n'était pas des gens très agréables.
Ses angoisses sont aujourd'hui parties. Depuis un an, son énergie et son sourire, rythment les journées des résidents.
Elle fait faire la gymnastique.
Il suffit de de la voir apparaître pour être rassuré. Elle est le soleil, l'étoile dans la maison.
On n'est pas toujours marrants. Il faut le reconnaître. Elle a de la patience et c'est énorme.
Elle conserve dans sa cave des souvenirs de sa vie d'avant. Pendant 6 ans, elle a travaillé comme conseillère financière dans une agence bancaire, jusqu'au jour où elle présente sa démission.
Trop d'objectifs, trop de pression, du phoning. Tous les mots en "ing" : briefing, reporting. Je ne pouvais plus.
Pour travailler en maison de retraite, elle a divisé son salaire par deux, perdu son statut social. Aujourd'hui, ses nuits sont plus sereines, et elle ne vit plus dans l'angoisse des placements à tout prix.
Un jour, on m'a appelée et demandé : "Alors, combien ça va ?" Il fallait vendre. Je devais faire 10.000 euros de collecte en assurance-vie.
Trois ans plus tard, elle ne regrette pas ses choix, même si les esprits des aînés vagabondent et s'oublient parfois. Elle est là pour ramener ces personnes âgées dans la vie.
C'est une thérapie par le plaisir. Ce n'est pas simplement de l'occupation de gens désoeuvrés. Cette occupation permet de faire évoluer. On ne peut pas tricher. Le rapport est complètement sincère. Elles disent ce qu'elles pensent.
Elle nous apporte une fenêtre ouverte sur la vie, une joie.
Sur son expérience l'animatrice a écrit un livre, un hommage à ces résidents qui perdent parfois la mémoire, mais qui ont conservé pour elle des gestes tendres, des traits d'humour, et toute leur humanité.
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