Prisons : deux députés en visite
on envisage aussi de baisser la vitesse à 70 km/h.
La situation est explosive depuis hier dans des prisons françaises. Mouvements de révolte des détenus. C'était le cas à Moulins-Yzeure et aux Baumettes. Depuis plus de 13 ans, les parlementaires ont le droit de se rendre à l'improviste dans les centres de détention. Nous avons suivi deux députés lors de ces visites. C'est le dossier du 13 heures.
Depuis 13 ans, les parlementaires ont le droit de visiter une prison, de jour comme de nuit, et, pour la première fois, deux députés ont accepté qu'une caméra les suive. Le député centriste Yves Jégo n'en est pas à sa première visite. Accompagné de la directrice, il pénètre dans un établissement, inauguré en 2011 et, pour lui, ses collègues devraient faire pareil.
Comment les parlementaires peuvent-ils voter la loi pénale, de madame Taubira ou d'un autre ministre, sans être venu voir ce qu'est une prison et sans avoir discuté avec les personnels, les directeurs et les détenus. Ça me semble le b.a.
ba du métier.
Autre lieu, autre vision : bâtie en 1968, la prison de Fleury-Mérogis accueille plus de 4.500 détenus, hommes, femmes, mineurs, avec une surpopulation carcérale approchant les 150%. Pour le député socialiste Michel Pouzol, il s'agit d'une première, donc d'une interrogation.
J'ai du mal à concevoir comment peut se dérouler la vie en prison. Comment s'organise le quotidien, et comment rester dans sa dignité d'homme.
Quand le député passe de l'autre côté des barreaux, c'est un monde inconnu qu'il découvre.
Ça m'oppresse un peu. On n'est plus dans l'univers du commun des mortels.
Au centre pénitenciaire de Réau, les 650 détenus sont des condamnés à de longues peines, et Yves Jégo va à leur rencontre, au hasard des différents ateliers, à commencer par la boulangerie.
Voilà les futurs boulangers de demain. Vous connaissiez le métier avant ? Ce que vous produisez est vendu.
Non, c'est pour les stagiaires.
C'est consommé sur place.
Travailler en prison, c'est pouvoir sortir de sa cellule, et se faire aussi un petit pécule.
Vous travaillez combien d'heures par semaine.
C'est aléatoire, car il n'y a pas tout le temps du travail. Le salaire moyen va de 200 a 400 euros brut. Je travaillais dehors. C'est important d'avoir son équilibre.
Combien ont une activité.
Je dirais 10 à 15%.
En prison, l'activité, c'est l'exception. Ça devrait être le lieu de l'activité.
Pour le parlementaire, faire un état des lieux, c'est d'abord s'assurer du respect de la dignité du détenu.
C'est une cellule-témoin que vous m'avez faite ? Elles sont toutes comme ça.
Oui. On peut en voir une autre.
J'ai du mal à croire que toutes les cellules soient comme ça, dans tous les établissements de France. Je vois les oeilletons, les grilles, je n'arrive pas à m'extraire de ça. Ce n'est pas un lieu de villégiature, mais ça serait un lieu, au moins, correspondant à la dignité humaine.
Casque de chantier sur la tête, Michel Pouzol découvre les cellules, que les détenus occupaient encore il y a quelques semaines. Des travaux de rénovation qui s'élèvent à plus de 500.000 euros. Image étonnante, celle d'un détenu invitant le député à voir sa cellule.
Vous étiez où avant.
A Marseille, aux Baumettes.
Vous avez trouvé du changement.
Oui. C'est beau, c'est neuf.
La journée, leur espace de liberté s'étend juuqu'au bout du couloir.
Les cellules sont ouvertes le matin à quelle heure.
De 10h à 19h15.
Hormis le couloir, on n'a rien.
La prison, ce ne sont pas seulement des barbelés, mais ce sont aussi des cris, des insultes.
Ça respire pas le bonheur quand même.
Ils vous aiment bien, monsieur le directeur.
Ils m'adorent.
Tout entendre, tout voir, sans restriction de la direction. Monter en haut d'un mirador pour appréhender les mesures de sécurité, pour prendre de la hauteur et pour se dire que de retour à l'Assemblée, on votera certaines lois avec un autre regard, pour se persuader qu'après l'enfermement, il peut y avoir la liberté.
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