Prison de la Santé : l'histoire d'un établissement

Un document inédit dans un endroit où les caméras ne sont habituellement pas les bienvenues. La prison de la Santé où les travaux de rénovation vont bientôt démarrer. Les prisonniers ont été transférés. Le bâtiment a plus de 100 ans. De Bernard Tapis a Jacques Mesrine en passant par le général Noriega. A quoi ressemble la vie derrière ces grands murs.

C'est un lieu où l'on ne rentre plus, interdit au public. Ce quartier de la prison est fermé depuis 2006. Il est trop vétuste, trop délabré. Dans ces cellules de 8 m2, on comptait jusqu'à 4 détenus. Les derniers travaux de rénovation datent de 1945. Des détenus répartis dans différents bâtiments, selon leur origine géographique ou ethnique : Afrique noire, Maghreb, Europe occidentale.

Pendant le ramadan, ça permettait de ne pas déranger les autres détenus, notamment les détenus russes ou chinois qui ne parlent pas français.

Avec 1.100 places, la Santé a accueilli jusqu'à 2.000 détenus. Il faut donc détruire pour reconstruire plus moderne.

On va aussi effacer les pages noires de la prison de la Santé, à commencer par cette cellule: celle des condamnés à mort.

Une prison presque morte: les cris et insultes lancés de derrière les barreaux sont remplacés depuis hier par un silence angoissant.

Cette cour accueillait jusqu'à une centaine de détenus pour une promenade dès 7H30, une seconde d'1H30 ensuite à partir de 14 H.

Des graffitis témoignent d'une détention d'un autre âge: écrire dans la pierre son casier judiciaire.

Cette grille, Maurice Papon, Jérôme Kerviel, l'ex-convoyeur de fonds Toni Musulin l'ont franchie. C'est le "quartier VlP": le bloc des particuliers, pas une prison trois étoiles mais un régime de faveur.

11 cellules pour ex-ministres, chefs d'entreprise, artistes. Des cellules individuelles, deux fois plus grandes que les autres. Une salle de soins et une salle d'activités. Ici, des liens se sont créés en l'eX-PDG LoTk Le Floch-Prigent et le mercenaire Bob Denard. Relations plus tendues entre Pierre Botton et Bernard Tapie. La directrice a souvent accompagné au seuil de leur nouveau domaine.

Je me souviens de ce mouvement "je rentre et je ressors", cela indiquait que l'incarcération démarrait bien, l'espace de la cellule devient leur espace.

Trouver la bonne clé, c'est le quotidien du surveillant. Dans le même couloir, le quartier disciplinaire, et le quartier d'isolement, pour les détenus réputés dangereux. Avant c'étaient les "QHS": quartiers dé haute sécurité.

Certains demandent à y être admis.

C'est rare mais ça arrive. Pour leur securité, ils ont peur des autres, ou parce qu'ils veulent faire leur détention à part.

En QHS, le terroriste Carlos, le tueur en série Guy Georges, n'ont eu pour horizon que des grillages et des barbelés.

Dans une cellule, un mini tribunal. En prison, jeter des objets, voler, insulter, est passible de 7 à 30 jours de mitard. les cellules ont des doubles portes.

La première, le surveillant a la clé, la seconde c'est le gradé. Il faut les deux pour les ouvrir.

Vitres opaques, meubles fixés pour éviter de devenir des projectiles contre les surveillants.

Une prison dont on ne doit pas s'évader, sauf que certains y sont parvenus par les égouts, d'autres par hélicoptère, les derniers en escaladant ce mur de près de 10 m. Jasques Mesrine, Michel Vaujour, le Dr Petiot, Landru, Yvan Colonna, ont fait depuis 1867 la réputation de la Santé. Elle ouvrira une dernière fois ses portes au public en septembre. Pour une fois on se bousculera pour entrer en prison.