Première Guerre mondiale : lettres de Poilus
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Ce soir sur France 2, 2e soirée consacrée a la Première Guerre mondiale avec "Apocalypse". C'est le conflit vu à hauteur d'homme. On revient sur les témoignages de trois frères, trois soldats ariégeois qui, durant la guerre, ont écrit à leur famille. Leurs lettres ont été retrouvées en 1980 parleurs descendants. Elles sont rassemblées dans un livre.
C'était l'été 1914. Trois frères partaient pour la Grande Guerre. Ils quittaient leurs Pyrénées natales, leur famille et leur terre. Trois frères ariégeois, Jean-Baptiste, Justin et Henri Blazy Justin ne reviendra pas.
Le cinquième, c'est mon arrière-grand-oncle. Très longtemps sa famille l'a cru prisonnier, un jour la nouvelle est tombée: il avait été tué par un obus le 17 février 1915.
Jean-Baptiste et ses frères écrivent tous les jours à leur famille sur des papiers de fortune. Une correspondance restée dans le grenier de la maison familiale jusqu'en 1980. Des dizaines de lettres écrites en français alors que ces paysans parlaient entre eux l'occitan.
Ce sont les lettres envoyées par Jean-Baptiste à ses parents. Senoncourt, 28 mars 1915. Mes chers parents. Hier soir encore, la lutte a duré toute la nuit. Le roulement était assourdissant et aujourd'hui encore ça chauffe. Je croyais, quand je partis de Foix, faire l'omelette de Pâques chez nous mais mon espérance est bien déçue. Et après la campagne d'hiver, on va recommencer la campagne d'été. Pour finir quand.
L'auteur de cette lettre était le grand-père de Lucien Blazy.
Est-ce qu'il parlait de la guerre.
Non, par pudeur, et parce que ça lui rappelait de mauvais souvenirs. Et comme on étaient petits, il ne voulait pas nous troubler.
Annie Collognat vient de réunir ces témoignages vibrants dans un recueil.
La peur est présente, on sent le désir de tenir, et de rassurer les familles. Et, par moment, des notes de gaieté.
On pénètre dans la tranchée, dans un quotidien où tout est détaillé: l'office religieux dans le bois, le colis de Noël avec un peu de boudin, l'argent qui manque pour acheter du chocolat, et surtout du vin, car l'eau est porteuse de typhoïde.
Tout est cher. Un jour j'ai acheté 5 oignons qui m'ont coûté 5 sous. Le vin, c'est 13 et 14 sous le litre. Aussi je n'achète que du vin, tant que je peux. Si on pouvait boire de l'eau, on se passerait de vin, bien souvent.
L'eau, les nappes phréatiques, sont polluées par les cadavres et les corps des chevaux enterrés à même le sol. Jean-Baptiste parle de 80 à 100 chevaux enterrés près des tranchées.
Henri et Jean-Baptiste vieilliront au pays. 1,400 O00 Poilus, dont leur frère, seront tués. Leur histoire est un long combat de mémoire qu'il ne faut pas enterrer.
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