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Vidéo "Ségolène Royal est toujours présidentiable", selon Gérard Miller

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Complément d'enquête : Ségolène Royal est toujours présidentiable, selon Gérard Miller
Complément d'enquête : Ségolène Royal est toujours présidentiable, selon Gérard Miller Complément d'enquête : Ségolène Royal est toujours présidentiable, selon Gérard Miller
Article rédigé par franceinfo
France Télévisions

Le psychanalyste, écrivain, réalisateur et chroniqueur Gérard Miller a accordé un entretien à Nicolas Poincaré à l'issue de la diffusion d'un portrait de Ségolène Royal, ministre de l'Écologie, du Développement durable et de l'Énergie, dans le hors-série du magazine "Complément d'enquête" du 13 août.

Après le portrait de Ségolène Royal, diffusé le 13 août dans le hors-série du magazine Complément d'enquête sur France 2, Gérard Miller, psychanalyste, écrivain, réalisateur et chroniqueur, a répondu aux questions de Nicolas Poincaré. Ils sont assis dans les fauteuils rouges emblématiques de l'émission, installés sur la pelouse du stade Charléty à Paris, où la candidate socialiste à l'élection présidentielle de 2007 avait réuni des dizaines de milliers de supporters le 1er mai pour un meeting-concert de fin de campagne.

Ségolène Royal est quand même un ovni dans la politique française ? "Oui, et j'ajouterais que c'est un personnage de roman. Vous ne feriez pas un film aussi passionnant sur Michèle Alliot-Marie ou Martine Aubry. Il y a quelque chose de plus chez elle. Et c'est sans doute pour cela qu'elle a été la femme la plus populaire de toute l'histoire de la République. Il n'y a pas d'équivalent." Qu'est-ce qui fait la différence ? "Elle n'a pas dû rentrer en politique adoubée par un homme. Au contraire, elle y est rentrée contre les hommes. D'abord, contre son père qui était un tyran domestique. Elle est vraiment rentrée en politique à 35 ans, même si elle était dans les arcanes du pouvoir à l'Élysée avec Mitterrand et François Hollande. Elle s'est tout de suite opposée aux hommes. À l'Assemblée nationale, députée, elle demande en premier où se trouve la crèche. Sa particularité est qu'elle assume sa féminité."

Et ça vous plaît ? "Oui, parce que depuis des siècles et des siècles, les hommes se comportent extrêmement mal avec les femmes. Ils les brûlent comme sorcières, les enferment dans les hôpitaux psychiatriques comme hystériques ou les voilent… Et là, vous avez une femme qui va s'opposer aux hommes, pas tous les hommes, car beaucoup dans ce stade étaient présents pour la soutenir, mais aux 'éléphants', c'est-à-dire au machisme incarné par un certain nombre de gens."  Elle gagne la primaire et devient candidate. Avec tous les hommes contre elle pendant la campagne ? "Tous les hommes qui considèrent qu'une femme ne peut pas leur piquer la place. Ce qui m'a plu chez elle, c'est le fait qu'elle n'a pas plié pendant et aussi après la campagne. Sept ans de malheur, c'est long : elle perd les présidentielles, au congrès de Reims,  aux dernières primaires socialistes et aux législatives."

"C'est aujourd'hui la Première dame"

Avec en plus Valérie Trierweiler qui soutient même son adversaire… "Ce qu'elle a avalé comme serpents a été extraordinaire. Et pendant la campagne de Hollande, on la squeeze littéralement. C'est vraiment Staline à Paris, car dans un grand film sur le PS, on oublie Ségolène Royal. Certainement sur les recommandations de Valérie Trierweiler. Ce qui me fascine, c'est sa capacité à revenir. Aujourd'hui, on dit d'elle "vice-présidente'." Toute sa carrière a quand même été liée à celle de son couple ? "Ils ont monté tous les échelons ensemble, mais pendant des années, François Hollande était devant, même si elle avait été ministre, et pas lui, même si elle était beaucoup plus populaire que lui… Le présidentiable de la famille, c'est lui. Et puis, il y a en 2005 l'échec du PS et de François Hollande en particulier, qui tombe à terre après le 'non' au référendum sur la Constitution. Il croyait être le présidentiable, et il ne l'est plus. Il va alors se jeter dans les bras de Valérie Trierweiler, car il a besoin d'une femme pour aller jusqu'au pouvoir suprême. Quand il a vu qu'elle prenait le dessus sur lui, il l'a laissée tomber dans sa vie amoureuse."

Elle émerge en politique parce qu'elle se sépare, ou est-ce le contraire ? "Elle émerge de façon radicale et devient présidentiable. On la met dans un sondage pour savoir qui est le meilleur candidat et elle arrive en tête. Là, elle devient présidentiable et c'est après qu'elle se sépare. Au moment du fameux 'baiser de Limoges', quand Hollande embrasse Valérie Treirweiler, c'est 2005, exactement au moment où il tombe à terre. C'est parce qu'elle est devenue présidentiable, et pas lui, qu'il choisit une autre femme. Derrière tous les hommes qui arrivent au pouvoir, il y a toujours une femme. Valérie Trierweiler a été le marchepied sur lequel Hollande est monté, et une fois arrivé à l'Élysée, la malheureuse a compris qu'elle n'était qu'un marchepied."  Il y a un mélange jamais vu du privé et du public…"C'est inédit dans l'histoire de la République, et le couple qui se reforme aujourd'hui l'est aussi. Ce n'est plus un couple amoureux, mais c'est un couple."

On l'a vu sur les images avec le roi et la reine d'Espagne… "C'est aujourd'hui la Première dame. Jusqu'à présent, c'était les femmes légitimes. Aujourd'hui, Julie Gayet n'est pas la Première dame. C'est Ségolène Royal. Elle a retrouvé son homme, et la vraie question est qu'ils ne se sont peut-être jamais séparés. Ce couple est insécable. Il n'y avait pas la place pour une autre femme. Julie Gayet, que je ne connais pas, a l'intelligence ou l'intuition de ne pas être en miroir avec Ségolène Royal, ce que faisait Valérie Trierweiler." C'est une incroyable revanche ? "Oui, comme Balzac ou Dumas auraient pu l'imaginer… Quand Trierweiler est répudiée, la porte est grande ouverte pour Ségolène Royal, qui revient au pouvoir." Et après, elle se dit "pourquoi pas ?" "Ce qui n'apparaît peut-être pas dans ce documentaire, c'est à quel point elle est toujours présidentiable. Elle a une petite soixantaine, et ce n'est pas très vieux en politique. Elle a dit qu'il n'était pas question de se représenter, mais comme le dit l'avocat Jean-Pierre Mignard qui la connaît bien : 'Si les circonstances le permettent, elle se représentera.' Je le crois, car elle n'a pas perdu sa popularité et son aura. La France garde le souvenir de ce qui s'est passé dans ce stade… Donc je ne vendrai pas la peau de l'ours…"

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