Tensions au FN autour de Jean-Marie Le Pen
Jeudi 19 avril, Marine Le Pen était en déplacement dans l'Yonne. En cette fin de campagne, elle semble optimiste sur son score du 22. Tout irait bien, si ce n'était le dernier dérapage de son père, dont la place au sein du parti divise les cadres.
Faire un meilleur score que son père en 2002: tel est l'objectif de Marine Le Pen pour ce premier tour et bien sûr dépasser Jean-Luc Mélenchon.
Jean-Marie Le Pen dérape...
Si elle fait plus de 17%, score du FN il y a dix ans, elle pourra dire qu'elle a réussi sa campagne même si elle n'est pas qualifiée au second tour.
A croire que cela rende jaloux son père. Mardi, lors du meeting plutôt réussi de Mme Le Pen au Zénith, il a donné une interview à la chaîne parlementaire (LCP), où il a une nouvelle fois dérapé. Il compare le rassemblement de la Concorde à ceux des nazis à Nuremberg et établit un parrallèle entre les initiales de Nicolas Sarkozy et celles de national-socialisme.
En déplacement dans l'Yonne, jeudi 19 avril, Mme Le Pen, interrogée par les journalistes sur cet entretien a répondu : "Nuremberg ? Je ne sais pas, je n'étais pas née".
En février dernier, M. Le Pen citait un poème de Brasillach, écrivain fusillé à la Libération pour collaboration, dans un de ses discours. Dans un registre plus anecdotique, il critiquait sur le plateau de France 3 en janvier le film "Intouchables", comme une image de la France assistée par les immigrés.
Guerre de clans au FN
La place du président d'honneur du FN dans la campagne de sa fille est source de tensions au sein de l'équipe de campagne. Selon un témoignage anonyme recueilli par nos confrères du Monde, l'ambiance au QG du boulevard Malesherbes serait "horrible".
Deux camps s'affrontent. D'un coté, Louis Aliot, compagnon de Mme le Pen, et Marie-Christine Arnautu, vice-présidente du FN, soutien de M. Le Pen. De l'autre, Florian Philippot, directeur stratégique de la campagne, arrivé il y a un an au Front, secondé par les "3 B", Steeve Briois, Nicolas Bay et Bruno Bilde, tous anciens mégrétistes [du nom de Bruno Mégret, ancien délégué général, qui avait fait scission].
"C'est la guerre Mégret-Le Pen qui continue. Ils veulent la peau du vieux", confiait mardi soir à Francetv2012, un responsable départemental du parti.
Ce dont ils se défendent, assurant "bien s'entendre avec Jean-Marie Le Pen".
Divergences stratégiques
A ces rivalités personnelles, s'ajoutent des dissensions sur la stratégie de campagne. Certains reprochent à M Philippot, énarque, l'aspect trop techno de la campagne et l'absence d'actions de terrain. Il est aussi critiqué pour avoir trop embarqué le début de la campagne sur la sortie de l'euro.
Mme le Pen, qui admet dans Le Monde "quelques chicayas dues à la surcharge de travail", tente de ménager les deux clans. Devra-t-elle trancher après la présidentielle pour préparer les législatives ?
Lors d'une réunion publique à Taverny le 29 janvier dernier, M. Le Pen expliquait que "sa fille avait l'âme d'un chef". Et pour définir ce que ça voulait dire, il utilisait une métaphore maritime. "Un chef c'est un capitaine de bateau qui a cas de naufrage est capable de sacrifier les quinze hommes bloqués dans la salle des machines pour sauver le reste de l'équipage", commentait-il.
La question au FN est donc de savoir à partir de quel score, cette campagne serait considérée comme un naufrage. Et si, par un retour de manivelle, Mme Le Pen serait capable de sacrifier politiquement... son père ?
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