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Référendum grec : "irresponsable" pour Christian Estrosi, "légitime" pour Manuel Valls

Les réactions se multiplient en France après l'annonce du référendum en Grèce. Si l'UMP le juge "incompréhensible", le Front de gauche salue "un minimum de démocratie". FN et PRG soulignent que l'accord européen est désormais "mort-né".
Article rédigé par Catherine Rougerie, Anne Brigaudeau
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Christian Estrosi arrive à l'Elysée, le 17 janvier 2011. (AFP - Lionel Bonaventure)

Les réactions se multiplient en France après l'annonce du référendum en Grèce. Si l'UMP le juge "incompréhensible", le Front de gauche salue "un minimum de démocratie". FN et PRG soulignent que l'accord européen est désormais "mort-né".

Si la décision de George Papandreou n'a guère surpris en Grèce, elle a pris de court les dirigeants européens. D'où la conversation téléphonique prévue ce mardi entre le président Nicolas Sarkozy et la chancelière allemande Angela Merkel.

En annonçant devant le groupe parlementaire socialiste sa décision de consulter les Grecs sur l'accord conclu par les Européens pour effacer une partie de la dette publique du pays, le premier ministre grec a expliqué qu'il lui fallait obtenir un soutien politique. "La volonté du peuple grec s'imposera à nous", a-t-il affirmé.

En proie à une série de manifestations et autres mobilisations, la Grèce est paralysée depuis plus d'un mois. "Entre les grèves du zèle et ceux qui ralentissent l'activité, plus personne ne travaille", explique Giorgos Delastik, analyste politique.

Une décision "totalement irresponsable", selon Christian Estrosi

Premier politique à réagir mardi en France, le député-maire UMP de Nice, Christian Estrosi : "Cette décision me paraît incompréhensible. Quand on sait le mal que Nicolas Sarkozy et Angela Merkel ont eu à faire adopter ce plan courageux, je déplore cette décision qui me paraît totalement irresponsable de la part du Premier ministre grec", a-t-il déclaré sur France Info. "J'ai l'impression qu'il y a un vent de panique qui souffle sur lui et son parti", a poursuivi M. Estrosi.

"Lorsque l'on est en situation de crise et que d'autres veulent vous aider, il est insultant de tenter à sauver sa peau plutôt que prendre ses responsabilités", a-t-il ajouté, en souhaitant que le "Premier ministre grec revienne sur sa décision".

Les réactions politiques en France

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"Un minimum de démocratie", selon Jean-Luc Mélenchon

A l'inverse, Jean-Luc Mélenchon a estimé que l'organisation d'un tel référendum était "un minimum de démocratie". "Il y a eu 13 grèves générales en Grèce et chacune a réclamé un référendum, Georges Papandréou savait qu'il ne pourrait pas tenir plus longtemps sans consulter le peuple grec", a déclaré le candidat du Front de gauche à la présidentielle, sur France Info.

Estimant que le dernier plan décidé par les Européens prévoyait "dix années supplémentaires d'austérité", M. Mélenchon a expliqué : "Aucun peuple au monde ne peut accepter de se voir annoncer un futur pareil", a-t-il dit. Comme on lui demandait s'il pensait que les Grecs se prononceraient contre le plan d'aide, il a répondu qu'il y avait de "grandes probabilités" que le non l'emporte.

"Il y a un grand risque que tout ce château de cartes s'effondre. Les dirigeants européens doivent faire face à la crise, non pas par des artifices financiers, des constructions d'usines à gaz (...) mais y faire face politiquement", a conclu M. Mélenchon.

Un référendum "légitime", commente Manuel Valls

Même son de cloche du côté de Manuel Valls.

Le député maire d'Evry a commenté mardi sur son compte Twitter la décision grecque : "Nous ne pouvons pas interdire aux Grecs de choisir leur destin. L'UE est une fédération d'Etats Nation. Un référendum est donc légitime."

"Un échec cuisant pour la diplomatie franco-allemande", souligne Jean-Michel Baylet

Pour Jean-Michel Baylet, le président du PRG : "l'accord européen de Bruxelles est mort-né. L'annonce du référendum grec en a signé l'acte de décès. Nul ne peut reprocher au gouvernement grec d'en appeler à son peuple d'une décision aussi grave. Face aux sacrifices exigés d'elle, la Grèce exprime son refus de continuer à payer l'essentiel des conséquences de la crise de la zone euro".

"C'est un échec cuisant pour la diplomatie franco-allemande, qui n'a pas su s'assurer du soutien d'Athènes au plan d'aide. Ce revirement nous rappelle que la crise européenne est bien avant tout une crise politique de gouvernance. La zone euro est ingouvernable et le restera jusqu'à ce que les dirigeants européens acceptent enfin de doter l'Europe d'une politique économique et budgétaire intégrée, confiée à un gouvernement démocratiquement désigné", souligne encore M. Baylet.

"Le début de la fin pour le nouvel accord", ironise le Front national

Florian Philippot, le directeur de la campagne présidentielle de la présidente du Front national, Marine Le Pen, ironise sur le plan sur la dette grecque élaboré par Bruxelles en lançant : "déjà le début de la fin pour le nouvel accord!".

Dans un communiqué, il se réjouit de la décision de la Grèce y voyant "une première lueur démocratique dans un pays soumis aux pires pressions depuis des mois maintenant, le peuple se voyant en permanence sommé d'accepter".

La Commission européenne attend l'annonce officielle, les bourses européennes ont déjà "dévissé"

Si dans les capitales européennes, on déplore une décision porteuse d'instabilité d'ici à l'organisation du scrutin, probablement en janvier, et, en cas de victoire du "non", le risque d'une nouvelle crise de l'euro, on joue l'apaisement dans les instances de l'Union européenne.

"Tant que nous n'aurons pas une lettre par exemple, ou quelque chose de ce genre, de la part du Premier ministre grec, je ne pense pas que nous réagirons", a déclaré mardi une porte-parole de la Commission européenne.

Beaucoup pus promptes à réagir, les valeurs financières ont salué à leur manière mardi, la décision du Premier ministre grec, accusant les plus fortes baisses sur les Bourses européennes.

Vers 14h, la Bourse de Madrid s'enfonçait dans le rouge (au-delà des 5%), comme celle de Paris, celle de Milan plongeait de plus de 7%.

Le reportage de Romain Messy du 1er novembre 2011

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