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Les frondeurs du PS profitent des régionales pour remonter au front

Le député socialiste Laurent Baumel demande que "l'urgence sociale" soit remise au premier plan, après des régionales où le PS n'a conservé que cinq régions.

Article rédigé par franceinfo
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Le député socialiste Laurent Baumel répond à la question d'un journaliste à proximité de l'Assemblée nationale à Paris, le 26 mai 2015. (MICHAEL BUNEL / NURPHOTO / AFP)

Le social d'abord. Dès dimanche 13 décembre, le député PS "frondeur" d'Indre-et-Loire Laurent Baumel a réclamé "des changements importants" au gouvernement pour que "la gauche retrouve ses valeurs fondamentales", après le second tour des élections régionales

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"Rien ne serait pire que d'avoir un lâche relâchement", a déclaré sur LCP ce socialiste opposé à la ligne jugée trop libérale de l'exécutif (pacte compétitivité emploi, loi Macron, etc.). A l'issue du second tour des régionales, la gauche n'a réussi à gagner que cinq grandes régions sur treize, après en avoir détenu la quasi-totalité pendant cinq ans, et elle a perdu l'Ile-de-France.

Que réclament les frondeurs ?

Laurent Baumel a livré son analyse : "Il y a un énorme message des urnes qui est arrivé dans le premier tour et il y a un vrai sentiment qu'on est assis sur un volcan démocratique. Ce coup-là, le barrage républicain a fonctionné (...). On n'est pas du tout sûrs qu'on puisse le faire fonctionner en 2017, donc il faut des changements dans la politique que l'on mène. Il faut remettre l'urgence sociale au premier plan."

Il fait écho aux propos de Christian Paul. Chef de file des députés frondeurs du PS, le député de la Nièvre avait appelé le 7 décembre à un "nouvel agenda politique" qui rende "possible" le rassemblement de la gauche en vue des prochaines échéances. "C'est bien en amont des élections qu'il faut réunir la gauche", avait-il averti, au lendemain du premier tour.

Que répond le PS ?

Le premier secrétaire du Parti socialiste, Jean-Christophe Cambadélis, a donné dimanche soir des gages aux frondeurs, en exhortant le gouvernement à "une inflexion dans les dix-huit mois à venir" d'ici à 2017. Inflexion qu'il a définie ainsi : agir "contre la précarité et pour l'activité comme nous nous sommes attaqués à la compétitivité et à la refondation de l'école". Et de souligner "Le désenchantement civique est dû à la relégation sans espoir, à l'écart trop marqué entre les revenus, à la pauvreté, à l'isolement, au chômage, et notamment à celui des jeunes." Il a réitéré le message dans un tweet lundi matin.

Autre signe d'écoute, Jean-Christophe Cambadélis a également fermé la porte au changement de nom du parti annoncé par le vice-président sortant de la région Ile-de-France Julien Dray dimanche soir. Le premier secrétaire du PS a estimé que cette proposition visant à favoriser un recentrage n'était pas "à l'ordre du jour". 

Mais le dirigeant du PS a également mis les points sur les i : non, il n'est "pas le numéro 1 des frondeurs", mais "le numéro 1 du Parti socialiste", a-t-il martelé sur Europe 1 lundi 14 décembre. Et de préciser sa position : "Si nous travaillons vraiment sur la précarité, je pense que nous asséchons l'abstention, et par ailleurs le vote Front national." Il a défendu l'indépendance du PS par rapport à l'exécutif, mais le président François Hollande, croit savoir Europe 1, a également décidé de "se concentrer" sur la lutte contre le chômage.

Quel est l'enjeu ?

Question sous-jacente à ce débat : comment gagner la présidentielle en 2017 ? "Pour gagner une élection, on m'a toujours appris qu'il fallait d'abord rassembler les siens", a affirmé à Libération le député PS François Lamy, proche de Martine Aubry. Comme les autres frondeurs, il prône donc de mettre la barre à gauche, pour reconquérir l'électorat à gauche du PS.

Pas sûr qu'il soit entendu : en refusant de donner un coup de pouce au smic, au lendemain des élections, le gouvernement reste fidèle à sa ligne.

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