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40e anniversaire de l'élection de François Mitterrand : "La gauche a toutes les raisons d'espérer qu'un jour elle l'emportera de nouveau en France", selon Jacques Attali

Son ancien conseiller a toutefois affirmé sur franceinfo que "le Parti socialiste n'a plus le rôle principal". 

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Jacques Attali en mai 2019. (LUDOVIC MARIN / AFP)

Il y a quarante ans, le 10 mai 1981, François Mitterrand était élu président de la République française, et pour la première fois depuis l'instauration de la Ve République, un socialiste accédait à l'Élysée. 40 ans après, si aucune célébration officielle n'est prévue, Emmanuel Macron prévoit de réunir dans les prochains jours ses anciens collaborateur dont son ancien conseiller, Jacques Attali. L'auteur de Il y aura d’autres jolis mois de Mai, paru ce mois-ci chez Fayard, ancien conseiller de François Mitterrand, reste persuadé que "la gauche a toutes les raisons d'espérer qu'un jour elle l'emportera de nouveau en France".

franceinfo : Votre livre est un livre de souvenirs. Il s'intitule il y aura d'autres jolis mois de mai. Est-ce que vous voulez dire que l'espoir reviendra ou que la gauche reviendra ?

Jacques Attali : L'espoir peut revenir à droite aussi. La droite républicaine incarne aussi un espoir pour ceux qui croient en ses valeurs. Je crois qu'il y aura d'autres jolis mois de mai aussi pour la gauche. La gauche a toutes les raisons d'espérer qu'un jour, je ne sais quand, peut-être dans un an, peut-être plus tard, elle emportera de nouveau en France une élection sur la base d'un programme cohérent.

L'élection de François Mitterrand était un immense espoir pour la gauche. Ça a été aussi une grande déception pour beaucoup de gens. Était-ce une déception pour vous aussi?

Non, cela n'a pas été une déception pour beaucoup de gens. Cela est un mythe qui a été construit par la droite. Ultérieurement, la gauche a fait ce qu'elle devait faire. Elle a accompli un immense programme qui a été, je le rappelle, jamais remis en cause puisque ce sont devenues des évidences comme l'abolition de la peine de mort, la réduction de la durée du travail à 39 heures, la retraite à 60 ans. Je rappelle que les ouvriers n'avaient que 5 ans d'espérance de vie à l'époque après l'âge de la retraite. Il y a eu aussi la dépénalisation de l'homosexualité, la décentralisation, la libération des ondes, des grands travaux qui ont transformé la France. Là où il y a eu déception ou un relâchement de l'espérance tient à autre chose, à mon sens, qui est très profond, qui nous renvoie aujourd'hui, c'est que toutes ces réformes, une fois faites, la gauche comme la droite d'ailleurs, ont cessé de rêver ou de réfléchir à des programmes concrets. Il n'y a pas eu de second souffle d'autres réformes.

La gauche d'aujourd'hui tente de s'unir pour pouvoir gagner la prochaine présidentielle. Est-ce que vous pensez que cette union est possible, notamment entre France insoumise et Parti socialiste ?

Aujourd'hui, les circonstances se ressemblent au sens où il y avait aussi, à cette époque, beaucoup de divergences entre les partis. Ils se sont tout simplement mis autour de la table et ont travaillé sur l'essentiel, c'est-à-dire un programme. Aujourd'hui, je crois qu'à gauche comme à droite, la clé est là. Les malheurs du temps aujourd'hui veut qu'on s'intéresse plus aux hommes et aux femmes qui vont être candidats qu'à la nature des projets. Aujourd'hui, la gauche ne peut, à mon avis, être digne de la République que si elle réfléchit humblement à ce qui peut être un programme commun de l'ensemble de ses gauches. Ensuite, on verra qui porte le flambeau. A gauche, le Parti socialiste n'a plus le rôle principal. Il est aussi fantomatique que le reste. Plus encore, il n'a plus de programme. Leurs dirigeants sont transparents. Il y en a beaucoup parmi eux que je respecte et qui ne sont peut-être pas les plus visibles, mais qui sont des gens remarquables.

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