Présidentielle : tour d'horizon des slogans de campagne déjà sur le marché
A moins de 100 jours du premier tour de la présidentielle, tous les candidats en lice rodent leur slogan de combat. Certains ont reçu l'aide d'agences spécialisées, d'autres ont fait dans l'artisanat. Ces mots feront-ils mouche ? Revue de détail.
Quels sont les slogans de campagne des candidats ? Comment sont-ils fabriqués ? L'Agence France Presse (AFP) s'est penchée sur le sujet.
Le cocktail de fabrication doit mélanger plusieurs ingrédients : un peu de politique, des bonnes intentions et pas mal de com'. Il faut bien doser avant de secouer car la formule magique doit ramasser en quelques mots le sens de la rencontre espérée avec les Français.
"Le changement, c'est maintenant". C'est sous cette bannière que le candidat socialiste part à l'assaut de l'Elysée avec l'espoir d'en déloger son locataire. Ses lieutenants, Pierre Moscovici, Manuel Valls et Stéphane Le Foll, espèrent faire passer un message élémentaire : "l'envie de changer de président passe par François Hollande".
Le concept nébuleux de "disruption"
Le secret de fabrication reste bien gardé. "D'autres ont été testés", avec des "sondeurs", confie l'entourage du candidat. "Nous avons un avenir à changer": tel était le premier cri de guerre du député de Corrèze pendant la primaire socialiste.
M. Hollande et ses proches ont travaillé avec l'agence BDDP, dont la stratégie repose sur le concept un peu nébuleux de "disruption": "mode de pensée qui défie les conventions", avec "des visions qui permettent de faire grandir plus vite les marques".
Les communicants socialistes n'ont pas vu venir un détournement en plein vol réalisé par les jeunes Pop de l'UMP. Ils ont acheté le nom de domaine "le changementcestmaintenant.fr », puis l'ont détourné en le rebaptisant "le reniement, c'est maintenant".
Le parti du président n'est pas en reste. Il a testé plusieurs mots d'ordre, en attendant que Nicolas Sarkozy veuille bien dévoiler ses batteries. "On a testé ‘la République des droits et devoirs', confie-t-on à l'UMP. "Jean-François Copé [le secrétaire général] l'a beaucoup utilisé", avance la députée Valérie Rosso-Debord, en charge du projet avec le ministre de l'agriculture, Bruno Le Maire.
François Bayrou plaide pour "le rassemblement"
Au Front national, c'est Marine Le Pen qui a trouvé elle-même la devise de sa campagne présidentielle. Un signe de la culture bonapartiste du parti frontiste ? "La voix du peuple, l'esprit de la France" est le mot d'ordre de la candidate d'extrême droite.
"C'est un slogan rassembleur, pour des gens de droite et de gauche. Marine Le Pen se situe au-dessus des partis", décortique Bruno Bilde, son directeur de la communication. "La voix du peuple" renvoie aussi au nom d'organes de presse proches des communistes.
Vétéran des courses présidentielles, François Bayrou part pour la troisième fois à conquête du « Château », en tentant de rassurer une France qui doute, avec "Un pays uni, rien ne l'arrête".
Le président du MoDem a glissé cette assertion dans ses vœux avec "l'intuition que cela pouvait faire un slogan". "Cela résume bien ce que porte François", résume sa complice de toujours, Marielle de Sarnez. "Quand on est uni, on est plus fort. Il y a une idée du rassemblement pour sortir de la crise".
Eva Joly mise sur "le vote juste"
Au Front de gauche, Jean-Luc Mélenchon a lancé "Prenez le pouvoir", déclinaison sur le mode positif de son tonitruant "Qu'ils s'en aillent tous" et de son appel à une "révolution citoyenne". "Jean-Luc a des intuitions qu'il teste auprès de la coordination de campagne, son entourage proche...", explique Eric Coquerel, un de ses conseillers.
En l'occurence, l'enjeu consiste à trouver un consensus entre plusieurs cultures militantes (Parti de gauche, PCF, FASE...) qui avaient souvent l'habitude d'ergoter sur la moindre virgule.
La campagne d'Eva Joly va ouvrir une prochaine "séquence" autour du "vote juste": "C'est clair et précis", résume Sergio Coronado, le directeur de la communication de la candidat d'Europe écologie-Les Verts (EEL). On voit d'ici les détournements désobligeants dont il peut faire l'objet : le vote un peu juste !
Héritière d'Arlette Laguiller, Nathalie Arthaud (Lutte ouvrière, trotskyste) affiche la couleur -"Une candidate communiste"- et un élément de programme : "L'interdiction des licenciements".
Candidat de République solidaire, enfin, Dominique de Villepin, féru de poésie, cherche encore les mots qui feront mouche. Gageons qu'il potasse le dictionnaire du gaullisme.
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