Premier débat des primaires: les six candidats dans les "starting blocks"
A quelques heures du premier des trois débats de la primaire socialiste, diffusé jeudi soir en direct sur France 2, la Rue de Solférino l'assure : "Les candidats sont tous assez sereins".
L'enjeu est pourtant de taille. Pour le parti d'abord, les candidats ensuite.
Sur le papier, la primaire souffle un vent de modernité sur le PS. Mais il se présente aussi comme un exercice périlleux. L'enjeu ? "Il faut distinguer sans diviser. Rassembler sans se ressembler", résume un proche de Martine Aubry. Et gare aux dérapages qui pourraient porter préjudice à toute la famille socialiste. La lutte fratricide Royal, Fabius, DSK en 2006 et le Congrès de Reims sont dans tous les têtes.
"Ce premier débat est plus attendu que les deux autres. Il sera suivi avec beaucoup d'intention", soulignait-on mercredi soir au siège du parti. Pour réussir la primaire, les socialistes doivent convaincre un maximum de Français de se déplacer le 9 octobre prochain. Et si rien ne garantit que le succès sera au rendez-vous, fixé au seuil du million de participants, la teneur et la qualité des échanges jeudi soir pèseront, à coup sûr, dans la balance.
Les six compétiteurs sont parfaitement convaincus de l'impact qu'aura ce premier débat télévisé et s'ils se disent tous prêts à relever le défi, ils ne partent pas avec le même capital.
François Hollande, le favori
En tête dans les enquêtes d'opinion, le député de Corrèze tentera de consolider voire d'accroître son avance. "Il faut qu'il continue à tracer le sillon qui a été le sien, et garder la posture de celui qui devra défier Nicolas Sarkozy", explique son coordinateur de campagne, Pierre Moscovici. Ces derniers jours, François Hollande n'a pas allégé son programme. "Il travaille dans le train, en voiture et en avion", raconte le député Bruno Leroux. Sous la pression de son entourage, il a consenti à annuler une rencontre qu'il avait avec des chefs de PME, ce jeudi matin.
Parti tôt en campagne, l'ancien premier secrétaire du PS a pu roder son projet. Féru des petites phrases et des piques humoristiques, il devra cependant se méfier du mot facile de trop, qui pourrait nuire à l'image d'homme d'Etat qu'il entend incarner.
Aubry, en challenger
Si elle a su s'entourer d'une équipe brillante de personnalités politiques et de la société civile, la maire de Lille accuse toujours un retard dans les sondages. Menant une campagne active depuis qu'elle s'est déclarée candidate, la maire de Lille a pu, elle aussi, affuter ses arguments.
Par ailleurs, et à en croire son père, l'ancienne ministre du travail est "en pleine forme". Martine Aubry devrait donc employer une partie de son énergie à se démarquer de François Hollande.
Royal, l'insubmersible
Ségolène Royal a deux atouts : l'expérience et une foi inébranlable. La présidente est en effet rodée à l'exercice. En 2006, elle avait affronté avec succès Laurent Fabius et Dominique Strauss-Kahn lors d'un débat télévisé d'une première primaire "allégée" sur la chaîne parlementaire. A l'écouter, elle est aussi "la plus déterminée". "La victoire disait François Mitterrand, vous ne la rencontrerez que si vous la forcez!", a-t-elle lancé samedi soir à Montreuil.
Ses adversaires reconnaissent qu'elle a changé depuis 2007. "Elle a gagné en maturité politique", concède même Stéphane Le Foll, le bras droit de François Hollande.
Reste un paramètre qui peut tout faire basculer : elle est imprévisible.
Manuel Valls, le franc-tireur
Manuel Valls se distingue par ses thèmes de campagne, notamment la sécurité, et ses propos autour de la responsabilité individuelle ou le "refus de l'assistanat". Ces derniers jours, il n'a pas manqué de faire valoir un article de "The Economist" qui louait sa "vision moderne" et "rafraîchissante", le présentant comme "un homme jeune de gauche qui regarde le monde tel qu'il est, dit des choses réalistes".
"Il y a un débat en France entre la vieille gauche et la nouvelle gauche", répète ainsi à l'envi le député-maire d'Evry.
Pour le débat de jeudi soir Manuel Valls est convaincu : "Il faut que personne n'en garde sous la chaussure, qu'on sorte nos tripes, qu'on aille au bout de nos convictions.
Son envie d'en découdre est intacte.
Montebourg, le pourfendeur de la mondialisation
Arnaud Montebourg est le candidat qui "veut transformer la gauche". Les grandes lignes de son projet, le plus "alternatif" des six concurrents, sont connues. Il les a développées dans un livre programme : "Des idées et des rêves". Le député de Saône et Loire propose notamment de favoriser la démondialisation des économies, de réorienter l'Union européenne ou encore d'établir la VIe République.
"Il se prépare et s'organise au mieux parfois seul, parfois en équipe", a indiqué, sans plus de précision, son directeur de communication mercredi soir. "Il est plutôt serein et assez confiant du fait que son projet est le résultat de longues réflexions. Il a beaucoup travaillé".
Son objectif ? "C'est de gagner l'élection présidentielle. Il ne va pas se battre pour un poste de ministère", affirme ecore ce même conseiller.
Baylet n'a rien à perdre
Sur la ligne de départ, c'est le radical de gauche qui part avec le plus lourd handicap. Dans un sondage Viavoice publié mardi dans Libération, seul 1% des sondés disent souhaiter sa victoire.
Malgré des années passées dans divers gouvernements, Jean-Michel Baylet souffre d'un déficit de notoriété.
Le débat retransmis par la chaîne publique lui offre une tribune hors norme pour rattraper son retard et développer ses idées avec d'autant plus de latitude qu'il n'est lui, à la différence de ses cinq rivaux, pas tenu par le projet socialiste.
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