Pour soutenir Philippe Poutou, Olivier Besancenot s’implique de plus en plus dans la campagne
Pour venir en soutien de la campagne de Philippe Poutou, qui ne décolle pas, Olivier Besancenot enchaîne meetings et réunions publiques en faveur du candidat du NPA à l'élection présidentielle. Comme il y a une semaine à Évreux. Reportage.
Si Philippe Poutou stagne dans les sondages, son prédécesseur Olivier Besancenot n'hésite pas à mouiller sa chemise et empiler kilomètres et plateaux télés pour soutenir le candidat du Nouveau parti anticapitaliste (NPA).
Prêt à venir à la rescousse de son candidat, le facteur a gardé l'âme d'un militant et se retrouve de plus en plus mis en avant afin de protéger la candidature chancelante de l'ouvrier de Ford, fragilisé par la prise de position de certains dirigeants du parti en faveur de Jean-Luc Mélenchon.
"Donner un coup de main"
Exemple, mercredi 21 mars. A 19h 30, Olivier Besancenot attend patiemment dans l'entrée de la petite salle Jules Janin, salle municipale réservée gratuitement à la mairie d'Evreux pour une réunion publique. "Ca ne nous a rien coûté. On est loin des meetings à la Villepinte ou à la Bourget, on n'a pas de chéquiers en or", rigole un militant local du NPA.
Arrivé ce jour-là en début d'après-midi dans la préfecture de l'Eure, double candidat d'extrême-gauche à l'élection présidentielle, en 2002 et 2007, blouson en jean et t-shirt noir, a passé son après-midi dans le quartier populaire de la Madeleine, la problématique du logement en apéritif. "Olivier est toujours disponible pour nous donner un coup de main pour la campagne", se réjouit Jacques Perez, militant au comité d'Evreux du NPA.
"Nous, la campagne militante, c'est la seule chose qu'on sache vraiment faire. C'est ce qu'on fait de mieux", confie Olivier Besancenot quelques minutes avant le début de la réunion organisée par le comité local du parti alors qu'un fond sonore crie des enceintes "c'est dans la rue que ça se passe !".
Show politique
Devant une centaine de militants du NPA et face à une salle conquise, le célèbre facteur conclut la phase d'introduction du "meeting", après avoir pris la pose en compagnie de "camarades" vêtus de chasubles oranges floqués "Interdisons les licenciements".
A la tribune, les quatre intervenants se réjouissent d'abord d'avoir passé le barrage des 500 signatures et se félicitent que 31 élus du département aient parrainé Philippe Poutou. "L'élection permet de développer nos idées et de convaincre les gens", expose Sophie Ozanne, maîtresse de cérémonie et militante de Louviers impliquée dans le secteur associatif.
La sono est défaillante et grésille. Mais quand Olivier Besancenot se lance dans son intervention, qui durera 40 minutes, les militants font peu de cas des problèmes techniques. Tous ont les oreilles ouvertes à l'écoute de la rhétorique maîtrisée de l'ancien candidat dès qu'il se lance dans un discours de macroéconomie pour donner sa vision de la crise.
Le tribun du NPA, debout et sans ses notes passe à la moulinette l'actualité, chargée avec l'assaut du Raid à Toulouse, et le bilan de Nicolas Sarkozy. Le ton est engagé, presque énervé. Olivier Besancenot vit son discours et sa lutte. Un vrai show politique.
"Les quatre principaux candidats ne sont pas des candidats mais des paradoxes", s'emporte-t-il d'abord. Tous les concurrents de Philippe Poutou en prennent pour leur grade. Même la gauche. "François Hollande, on sait bien qu'il ne battra pas son principal adversaire, la finance ; François Bayrou, on sait tous qu'il est de droite ; Marine Le Pen, elle fait de la démagogie anticapitaliste. Mais le national anticapitalisme, ça date des années 30…"
Besancenot : "Les frontières n'ont jamais protégé des idées à la con"
Quant à Nicolas Sarkozy, il est la principale cible de l'orateur. Dans un décor très années 80, sur fond d'affiches "Dégageons Sarkozy" qui jonchent les murs de la salle, Olivier Besancenot s'en donne à cœur joie. Avec foi. "A ce rythme, l'UMP va finir la campagne à la droite du FN", lâche-t-il. Et de justifier la position internationaliste du NPA : "Les frontières n'ont jamais protégé des idées à la con. Il n'y a pas trop d'immigrés en France, il y a trop de racistes".
Après 40 minutes de discours et une salve d'applaudissements nourris, la tête d'affiche du NPA se prête au jeu des questions réponses. Toujours avec le même entrain. En mode storytelling aussi : "J'ai pris un mois et demi de disponibilité pour faire cette campagne, raconte-t-il. Vous savez, je vais au boulot avec la boule au ventre".
Et Olivier Besancenot de conclure, avant de rentrer dans la nuit à Paris dans sa petite citadine noire : "Prendre la parole est un acte de résistance. Défiez-vous des ambitieux et des parvenus."
Ne reste plus qu'à entonner l'Internationale avant de prendre la route. Et de poursuivre la campagne.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.