Pour Filippetti, Hollande "semble avoir oublié" le discours du Bourget
Un mois après sa démission du gouvernement, l'ex-ministre de la Culture s'en prend à "la doxa idéologique libérale" qui influence les choix du gouvernement.
Aurélie Filippetti lâche les coups. Un peu plus d'un mois après sa démission du gouvernement, l'ex-ministre de la Culture critique sèchement le bilan de François Hollande à mi-mandat, samedi 4 octobre, dans un entretien accordé au site internet Mediapart.
Pour elle, le discours du Bourget de janvier 2012 "semble avoir été oublié" par François Hollande. A ses yeux, ce discours a pourtant "montré qu’on pouvait être élu président de la République avec un discours de gauche". "Cela signifie que nous ne devons pas nous excuser d’être de gauche. Ni toujours chercher à donner des gages à ceux qui portent une vision très idéologique et néolibérale du monde", enfonce-t-elle.
"12 milliards pour les entreprises et 3 millards
pour les ménages : le rééquilibrage est insuffisant"
Aurélie Filippetti l'assure : elle ne regrette pas d'avoir quitté le gouvernement, fin août, au moment du limogeage de son compagnon, Arnaud Montebourg, et du ministre de l'Education, Benoît Hamon, qui réclamaient tous deux une inflexion de la ligne politique de l'exécutif. "On ne peut pas penser que l'on va dans le mur et ne pas chercher à agir pour l'empêcher", justifie-t-elle, tout en regrettant que la "doxa idéologique libérale exerce une pression extrêmement forte sur tous les gouvernants".
"On fait 12 milliards pour les entreprises et 3 milliards pour les ménages : le rééquilibrage est insuffisant", critique celle qui a retrouvé cette semaine son siège de député de Moselle, et siègera à l'Assemblée au sein de la commission des finances.
"Le système à la tête de l'Etat est à bout de souffle"
A ses yeux, François Hollande est "victime de l'ultra-personnalisation du pouvoir dans la Ve République". "Cela ne correspond pas à son habitus personnel. Mais quelqu'un à qui on donne les pouvoirs du président de la République a tendance à vouloir les exercer et à s'y enfermer", fait-elle valoir.
Ce qui pousse l'ex-ministre à plaider en faveur d'une VIe République, "avec une répartition moins monarchique du pouvoir". "Le système de la dyarchie à la tête de l'Etat, qui confine à l'absurdité kafkaïenne, est à bout de souffle, juge Aurélie Filippetti. Il faut un pouvoir plus horizontal, et des contre-pouvoirs plus structurés."
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